L’Union des écrivains du Maroc: la renaissance au temps voulu

L’UEM refait surface, cette grande tente mobilisatrice de l’univers de l’écriture marocaine, à l’histoire riche et singulière dans un univers qui peinait à intégrer la modernité et la liberté, toute la liberté sans exception ni exclusions. Pas d’autre alternative autre que cette association âgée d’une cinquantaine d’années. Qu’on le veuille ou non, qu’on soit avec ou contre. Puisque le lectorat est presque inexistant, puisque le pays n’a pas su instaurer des traditions littéraires à l’instar de ce qui se passe ailleurs, en Occident et en orient «civilisé» et dans le monde latino.
L’UEM est là, bureau exécutif et bureaux régionaux un peu partout au Maroc. Sont-ils actifs ? Animent-ils la culture là où ils sont ? La littérature se porte-t-elle bien sous leur tutelle ? Rien n’est moins sûr ; car que peut l’écrivain quand il est dénué de moyens d’agir, matériaux et financiers, s’entend ? Surtout lorsque sa voix n’est pas entendue, lorsqu’on fit fi de ses opinions, de sa participation, de sa présence. Tout au moins est-il toléré, accepté, puisqu’il a cette faculté de mettre des mots sur ce qu’il pense, ce qui dérange et gène, du moment que la frilosité n’entrave pas sa main créatrice de phrases.
Un écrivain marocain peut exister en dehors de l’union. Ecrire est un acte solitaire, c’est connu et admis. Mais chez nous, on doit exister dans une corporation en plus, par la force des choses. Le besoin du coudoiement des autres écrivains est nécessaire. Non pas pour «l’écrire», mais pour la visibilité de cet «écrire», pour que l’acte de l’écriture soit partie prenante de tout ce qui se trame dans le pays, en politique, en économie, dans le social, comme en culture. L’urgence est là et ne peut souffrir du retard. Le développement sans littérature, sans la culture du livre est un leurre, un mensonge à soi-même et toute la société.
L’UEM est obligé d’intervenir, d’être là, à travers ses centaines de membres pour dire le mot. Aux politiciens, ceux qui prétendent nous faire entrer dans le train du développement et défendre nos intérêts nationaux un peu partout. Car il va sans dire que sans l’imaginaire national dans les valises, avec quoi pourrons-nous nous faire valoir aux yeux des autres, amis et ennemis ? Sans la production créative marocaine, aidant et assistant chaque démarche, comment arriverons-nous à faire incliner l’un ou l’autre à nos justes causes, aux attraits qu’on possède ?
Cette instance qu’est l’union des écrivains du Maroc, peut énormément faire.  Il est heureux qu’il soit actif, qu’il ait pu reprendre son souffle et de pouvoir agir, après des années de vide  caractérisées par combats inutiles, résultat d’une politique culturelle et gestionnaire intérieure qui n’a plus lieu d’être, en ces temps d’ouverture, de libre arbitre, de création et rien que ça. L’Etat doit laisser sa frilosité de côté et assister l’écrivain marocain, l’aider à pouvoir écrire et promouvoir ce qu’il écrit partout et par les moyens connus en ce domaine. L’écrivain et l’homme des situations difficiles et doit agir à son tour via son UEM.

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