Malgré la crise, la fédération se veut citoyenne et responsable pour maintenir la chaîne de distribution

Distribution

Propos recueillis par Fairouz El Mouden

Le secteur de la distribution est aujourd’hui lourdement pénalisé par la hausse des prix des carburants, confirme Wajih Sbihi, président de la Fédération nationale des métiers de la distribution des produits de grande consommation (TIJARA). Néanmoins, dit-il, malgré la conjoncture de crise, la fédération continue de jouer pleinement son rôle pour préserver le pouvoir d’achat du consommateur et maintenir la chaîne de distribution opérationnelle. Dans cette interview accordée à AL Bayane, Sbihi, explique que sa fédération n’a pas d’attentes spécifiques ni de schémas préalables de négociation avec le gouvernement, mais aspire à des solutions équitables et pérennes pour un secteur qu’il considère comme l’un des piliers de l’économie nationale avec une contribution au PIB qui dépasse 9%. Les propos.

Al Bayane : Le secteur de la distribution accuse, pleinement, les contrecoups de la hausse des prix des carburants. Quelle est la situation réelle aujourd’hui et comment évaluez-vous le manque à gagner pour le secteur depuis la révision à la hausse des prix du baril sur le marché international?

Wajih Sbihi : La hausse des prix des carburants pénalise lourdement le secteur de la distribution. L’impact de la hausse du litre de 8,6 dirhams en moyenne en 2021 à 14 dirhams en 2022, génère une augmentation sur coût direct de 1,5 à 3% en fonction de la taille des distributeurs. Tout en comprenant la conjoncture nationale actuelle et le contexte de crise internationale, Tijara se maintient dans sa position de fédération citoyenne et responsable. Ses membres persévèrent dans leurs efforts de maintenir la chaîne de distribution, et de préserver le pouvoir d’achat du consommateur marocain.

Le secteur traite certes de gros volumes mais en même temps, les marges bénéficiaires restent très réduites pour ne pas dépasser 2%. Pourquoi et comment équilibrer l’équation coûts/gains?

Effectivement, notre secteur traite de gros volumes, mais contre des marges très réduites comprises seulement entre 1 et 2%. L’équilibrage de l’équation coûts/gains se fait, variablement, en fonction de chaque acteur du secteur. La rationalisation des coûts, l’optimisation de la chaîne de distribution et des procédures, la ventilation des surcouts et autres procédés… nous permettent d’assurer des équilibres certes difficiles mais nécessaires dans le contexte actuel.

La fédération demande une aide du gouvernement. Quelles sont vos attentes et comment comptez-vous les avoir?

Il s’agit d’un contexte de crise complexe et inédit qui requière de nous, tous, un effort et une responsabilité collectifs. Nous n’avons pas d’attentes spécifiques ni de schémas préalables de négociations. Mais nous comptons trouver, ensemble, une solution qui tienne compte des exigences nationales, de l’intérêt général, de la citoyenneté économique et sociale afin que nous puissions trouver des solutions équitables et pérennes.

Quelle est la vraie menace aujourd’hui pour le secteur de la distribution dans cette conjoncture difficile, marquée par la flambée des cours des matières premières et de la guerre entre la Russie et l’Ukraine?

Le secteur de la distribution ne fait pas exception aux autres secteurs qui, après la crise du Covid-19 se trouvent confrontés aux conséquences du conflit Ukraine/Russie. Ainsi, la hausse des prix des matières premières en général, et du carburant en particulier devient une véritable entrave. Toutefois, nous comptons sur l’agilité de notre secteur et sa capacité à maitriser cette situation.

Indépendamment de la situation actuelle, dans quelle mesure l’activité liée à la distribution a été plus ou moins touchée par les effets de la situation sanitaire liée au Covid 2019?

Notre secteur est résolument prêt à affronter les transformations de son environnement. Celles-ci sont exigées par un contexte constamment changeant et exposé à des impondérables : dont la pandémie du Covid-19, ainsi que la récession économique et ses impacts. Nonobstant, nous poursuivrons l’effort de redressement et maintenons notre engagement dans le développement et dans l’effort collectif et solidaire, à l’essor socio-économique de notre pays.

Comment évaluez-vous le poids réel du secteur dans l’économie nationale en termes de créations de richesses, de valeurs ajoutées et d’emplois?

Le secteur du commerce et de la distribution est l’un des piliers de l’économie marocaine. Sa contribution au PIB dépasse les 9 %. Il constitue le deuxième pourvoyeur d’emplois au niveau national après l’agriculture. Toutefois, près de 80 % de la distribution est assurée par le commerce « traditionnel » – composé des marchés de gros, des souks hebdomadaires et des détaillants – et 20 % par le commerce « moderne » – grandes et moyennes surfaces (GMS), ainsi que le commerce électronique. Celle-ci marque une évolution notoire renforcée par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Avec un taux de pénétration d’à peine 15%, le secteur présente toujours un grand potentiel de développement. La surface commerciale par habitant est de 11m2 au Maroc, soit quatre fois moins qu’en Turquie, et 20 fois moins que la moyenne européenne. Assurément les perspectives de création de valeurs et de richesses au bénéfice de notre pays sont prometteuses. Afin d’y parvenir, nous disposons d’une feuille de route élaborée par nos commissions thématiques et nos pôles experts. Celle-ci se déploie tant au niveau d’axes stratégiques qu’opérationnels.

A l’instar de l’opérationnalisation du partenariat conclu le 29 septembre 2021 avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, qui a pour objectif l’amélioration de l’intermédiation des flux, la gestion des flux de marchandises, la digitalisation des acteurs du secteur, ainsi que l’amélioration de la qualité de la formation des Intervenants de la chaîne de distribution. La création d’un observatoire du commerce et de la distribution est partie intégrante de cet axe stratégique. Dans un monde sans cesse changeant au niveau des pratiques de production et de consommation, disposer d’un tel outil de veille, d’orientation et d’aide à la décision est incontournable. Sur les volets opérationnels, les commissions thématiques de Tijara agissent, de concert, pour une évolution systémique, équilibrée et homogène du secteur et ce, dans ses diverses configurations : le traditionnel, le moderne et le digital. Deux commissions thématiques ont été créées afin de renforcer cette évolution au bénéfice du consommateur marocain : Logistique et e-commerce. Bien entendu, ces efforts mettent en exergue la volonté de notre secteur d’être un véritable levier de développement socio-économique du pays et son assiduité citoyenne, dans l’acheminement et la disponibilité des produits de consommation sur tout le territoire national. Tout en générant davantage de valeurs et d’inclusion dans un contexte qui reste imprévisible et délicat.

Étiquettes ,

Related posts

Top