Attendons pour voir…
Soucieux de tirer un trait sur les rapports houleux qu’ils entretiennent depuis que le 22 mai 2010 les forces israéliennes avaient pris d’assaut le navire turc Mavi Marmara qui tentait d’acheminer de l’aide à la bande de Gaza en dépit du blocus israélien et fait 10 morts et 28 blessés, Israël et la Turquie ont ouvert, ce mercredi 17 Août 2022, une nouvelle page de leur histoire en rétablissant les relations diplomatiques bilatérales rompues depuis 2018 lorsque les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs après la mort de manifestants palestiniens à Gaza.
Organisée par une ONG islamique proche du gouvernement islamo-conservateur, l’opération humanitaire précitée avait été soutenue au plus haut niveau de l’Etat turc alors même qu’il était l’allié musulman phare de l’Etat hébreu.
Ainsi, en considérant que «le rétablissement des relations avec la Turquie est un atout important pour la stabilité régionale » et que leur amélioration «contribuera à approfondir les liens entre les deux peuples, à élargir les liens économiques, commerciaux et culturels et à renforcer la stabilité régionale», le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a annoncé, dans un communiqué publié après l’entretien téléphonique qu’il a eu avec le Président turc Recep Tayiip Erdogan, qu’«il a été décidé d’élever le niveau des liens entre les deux pays à des relations diplomatiques pleines et entières» avec le retour, dans les deux pays, des ambassadeurs et des consuls généraux.
Ultime rebondissement dans les rapports houleux entre les deux pays ces douze dernières années, la reprise des relations entre Israël et la Turquie est l’aboutissement d’un processus en cours depuis plus d’une année et notamment depuis qu’avec l’arrivée au pouvoir, à Tel Aviv, en Juin 2021, d’une nouvelle coalition, Ankara avait décidé d’adoucir le ton face à l’Etat hébreu bien qu’en fervent défenseur de la cause palestinienne, le président turc Recep Tayyip Erdogan n’ait jamais cessé de critiquer la politique israélienne envers les Palestiniens.
Aussi, est-ce dans le cadre de ce «dégel diplomatique» que le président israélien, Isaac Herzog, avait effectué, en mars dernier, une visite en Turquie ; la première d’un chef d’Etat israélien depuis 2007.
Cette visite fut suivie par le déplacement, à Jérusalem, en mai dernier, du chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu. Au cours de ce voyage en Israël, le ministre turc des Affaires étrangères avait tenu à rappeler l’attachement de son pays à « la cause palestinienne ». Enfin, au mois de Juin, c’est le Premier ministre israélien d’alors, Yaïr Lapid, qui était venu à Ankara afin de remercier les autorités turques pour leur coopération après qu’ils aient déjoué les attaques iraniennes qui visaient des touristes israéliens à Istanbul.
Ainsi, après des rapports particulièrement tendus ces dernières années et l’absence totale de relations diplomatiques entre les deux pays, depuis 2018, Ankara et Tel Aviv sont donc sur le point d’échanger des ambassadeurs et des consuls et de rétablir des relations diplomatiques pleines et entières.
En considérant, enfin, que bien que cette démarche soit, sans conteste, un premier pas vers la préservation de la paix dans la région, les voies de la politique restent, parfois, aussi impénétrables que celles du Seigneur, attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi