L’annonce par Vladimir Poutine, le jour-même de l’ouverture de la Coupe du Monde de Football 2018, d’un projet de réforme augmentant l’âge du départ à la retraite a sérieusement écorné la cote de popularité du président russe la faisant plonger de 80% à 64% selon l’institut de sondage VTsIOM; son plus bas niveau depuis quatre ans.
Aussi, pour faire face à cette chute vertigineuse et redorer le blason du chef de l’Etat, la chaîne publique de télévision Rossia 1 a lancé, depuis ce dimanche, une émission hebdomadaire intitulée «Moscou, Kremlin, Poutine». Lors de cette première émission, présentée par l’animateur-vedette Vladimir Soloviev, les téléspectateurs ont pu voir leur président en vacances en Sibérie, cueillir des champignons puis s’entretenir aussi bien avec des mineurs qu’avec des écoliers.
Questionné au sujet de ce nouveau programme, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin qui a signalé, d’emblée, que Vladimir Poutine qui est « très humain (et qui) n’aime pas seulement les enfants mais les gens en général» n’y participe pas personnellement, dira «Ce qui est important pour nous, c’est que les informations sur le président et son agenda soient montrés correctement et sans déformation».
Si le président Poutine, au pouvoir depuis 1999, est déjà omniprésent sur toutes les chaînes officielles, cette émission propose une nouvelle manière de le présenter tout en passant au crible toutes ses occupations de la semaine écoulée. Ainsi, outre l’exposé des vacances sibériennes du chef de l’Etat, cette première émission a évoqué, en long, en large et en travers, le projet de réforme des retraites qui avait été annoncé en juin dernier par le président Poutine sans signaler, pour autant, que celui-ci n’a pas été du goût de ces dizaines de milliers de russes qui ne cessent, depuis lors, de descendre dans la rue pour le dénoncer.
D’ailleurs même si, au vu de l’impopularité de sa réforme, le chef de l’Etat a revu sa copie et l’a modifié quelque peu en augmentant l’âge de départ à la retraite pour les femmes de 55 ans actuellement à 60 ans (contre 63 dans le texte initial) et à 65 ans (au lieu de 60 ans) pour les hommes, des dizaines de milliers de russes sont encore descendus dans la rue ce dimanche pour manifester leur profonde désapprobation.
S’agit-il là d’une nouvelle manifestation du culte de la personnalité au pays de Staline ? Une émission entièrement dédiée à la gloire du chef de l’Etat parviendra-t-elle, enfin, à faire avaler l’amère pilule de la réforme des retraites à une population russe désabusée ? Rien n’est moins sûr pour l’heure mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
