En Iran, on condamne à mort et on exécute !

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Reconnus coupables, par la justice iranienne, d’avoir assassiné, le 3 novembre dernier, à Karaj, à l’ouest de Téhéran,  le paramilitaire Rouhollah Ajamian dans le cadre du mouvement de contestation qui a fait suite à la mort, le 16 septembre dernier, dans les locaux de la police des mœurs, de Mahsa Amini, la jeune kurde de 22 ans qui avait été accusée de n’avoir pas porté « correctement » son voile et d’avoir laissé transparaître quelques mèches de cheveux, deux jeunes iraniens faisant partie des 14 manifestants condamnés à mort par le régime des Mollahs, ont été exécutés, ce samedi.

Il s’agit, d’après le communiqué publié, le 7 Janvier 2023, par l’Agence iranienne du pouvoir judiciaire, de Mohammad Mahdi Karami, un champion de Karaté de 22 ans, et de Seyed Mohammad Hosseini qui, tous les deux, « ont été pendus », ce samedi, après que la Cour Suprême iranienne ait confirmé le 3 janvier la condamnation à mort des intéressés prononcée le 4 décembre par le tribunal de première instance de Téhéran pour avoir été reconnus coupables d’avoir assassiné un membre de la milice des Bassidji, liée aux Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique d’Iran.

Il n’en fallait pas plus pour que des chancelleries occidentales se mettent en branle et que des organisations internationales montent au créneau.

Aussi, en considérant que « ces exécutions révoltantes » se sont ajoutées « aux nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes » et que « l’exécution de manifestants ne peut tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien », la France, via le Quai d’Orsay, a condamné ces deux exécutions « avec la plus grande fermeté » alors que le gouvernement néerlandais a annoncé, de son côté, qu’il allait convoquer l’ambassadeur d’Iran aux Pays-Bas pour lui faire part de sa préoccupation et appelé les autres pays de l’Union européenne à suivre son exemple.

C’est à ce titre qu’en dénonçant « un nouveau signe de la répression violente des manifestations », l’UE a appelé « une nouvelle fois , les autorités iraniennes, à mettre immédiatement un terme à la pratique hautement condamnable de prononcer et d’exécuter des condamnations à mort contre des manifestants » et à « annuler, sans délai, les récentes condamnations à mort déjà prononcées dans le contexte des manifestations ».

Au-delà des frontières du vieux continent, c’est Washington qui a été la première à condamner « dans les termes les plus forts le simulacre de procès et l’exécution, en Iran, de Mohammad Mehdi Karami et Mohammad Hosseini » avant d’être suivie par le Canada qui, en dénonçant ces « exécutions insensées », a sommé Téhéran d’y mettre un terme.

S’étant basée sur le tweet par lequel le 18 décembre dernier, en annonçant que les aveux de son client lui avaient été arrachés sous la torture, l’avocat de Hosseini avait signalé que ceux-ci ne reposent sur aucune base légale, l’ONG Amnesty International lui a emboité le pas et déploré le fait que le tribunal qui a condamné le jeune homme s’est appuyé sur des aveux forcés.

Avec cette révolte qui secoue le pays depuis près de quatre mois et qui semble bien loin de s’éteindre, de quoi demain sera-t-il fait dans la république islamique d’Iran ? Attendons pour voir…

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