Les burkinabés dénoncent l’insécurité et craignent une famine

Attendons pour voir…

La grogne populaire ne faiblit pas au Burkina Faso depuis que, le 14 novembre, l’armée avait essuyé une attaque sans précédent à Inata, dans le nord du pays, au cours de laquelle au moins 57 personnes dont 53 gendarmes furent tués.

C’est la fuite d’un document interne alertant sur une « rupture totale de provision alimentaire » qui a mis le feu aux poudres ; un feu que le discours donné, par le chef de l’Etat, jeudi soir, n’est pas parvenu à circonscrire quand bien même ce dernier a promis de procéder à un remaniement ministériel à l’effet de mettre fin aux divers « dysfonctionnements » et de veiller « plus que par le passé , sur les questions de logistique, de primes et de renforcement des capacités opérationnelles des forces combattantes ».

La décision du gouvernement de suspendre, « pour des raisons de sécurité » et durant huit jours, l’accès à Internet n’a fait que compliquer la donne et pousser l’opposition à dénoncer, dans son communiqué en date de vendredi, « des mesures liberticides ».

Aussi, c’est en scandant, à l’unisson, « Roch, dégage ! », « Libérez Kosyam ! » ou encore « Trop, c’est trop ! » que des milliers de manifestants, se sont retrouvés, samedi, au cœur de Ouagadougou, la capitale, pour réclamer le départ du président  Roch Marc Christian Kaboré auquel ils reprochent son « incapacité » à endiguer le cycle de violences jihadistes qui a fait plus de 2.000 morts dans le pays ces six dernières années.

La France a été, elle aussi, dans la ligne de mire des manifestants puisqu’ils ont lancé des slogans dénonçant sa présence au Sahel, qu’une station d’essence Total a été vandalisée et qu’un convoi militaire français aurait même  été « bloqué », pendant près d’une semaine, par des protestataires.

Pour rappel, mercredi, la mairie de la capitale, avait, par courrier, demandé aux forces de sécurité de bien vouloir prendre « toutes les dispositions » nécessaires pour empêcher la tenue de « toute manifestation illégale » mais la coalition du 27 novembre dite « C27 » et regroupant trois organisations de la société civile, a maintenu son appel à manifester en demandant, toutefois, aux participants de « marcher pacifiquement » en « soutien aux forces de sécurité » et contre « la gestion sécuritaire des autorités ».

« Nous attendons des actions concrètes, nous sommes fatigués des promesses » s’est écrié, face à un cordon de CRS,  Marcel Tankoano, le président du mouvement populaire « Sauvons le Burkina Faso », membre de la « C27 » à l’origine de cette manifestation.

Les manifestations de colère ayant touché de nombreuses villes du pays, principalement Dori et Kaya, dans le nord du Burkina Faso, particulièrement éprouvées par les violences jihadistes, les autorités ont ordonné la fermeture de tous les établissements scolaires du pays durant les journées de vendredi et samedi pour « préserver la sécurité » des élèves et des enseignants.

En outre, plusieurs chancelleries occidentales ont invité leurs ressortissants à faire des provisions pour ne pas avoir à quitter leurs habitations durant le week-end et l’ambassadeur  de France au Burkina Faso a recommandé, de son côté, à ses compatriotes, « un confinement de précaution jusqu’à nouvel ordre ».

Que va-t-il se passer, au Burkina Faso, dans les semaines à venir si des « mesures convaincantes » ne sont pas prises avant la date-butoir du 9 Décembre fixée par l’opposition lorsqu’elle a menacé d’organiser de grandes manifestations avec pour seul mot d’ordre « la démission » du président ?

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