Remember Titanic !


«Nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles»

P. Valéry

Ça y est ! On y est. Le scénariste le plus performant n’aurait pas imaginé une telle évolution pour l’année 2020. Une année entamée pourtant sous le signe d’un événement qui avait marqué les esprits, celui du séisme d’Agadir, il y a soixante ans.

Un traumatisme inaugural en quelque sorte de notre accès aux temps modernes. La catastrophe avait marqué les esprits comme tragédie ; mais au-delà, a-t-elle été saisie dans sa pertinence historique ? Comme leçon pour le présent et le futur. Un futur par rapport à l’époque et qui est l’actuel présent, le nôtre, celui d’une catastrophe d’une autre ampleur, planétaire cette fois.

Nous écrivions il y a quelques semaines, à l’occasion de la commémoration de cette terrible année de 1960,  qu’il fallait tirer des conclusions  en marge de cette commémoration pour notamment « s’interroger sur la place qu’occupe la réflexion politique et intellectuelle autour de  la notion de catastrophe chez nos élites. Le constat est accablant, nous sommes bien en face d’un impensé, l’impensé de notre temps qu’aucune politique ne prend en charge, dont aucune réflexion académique ne rend compte. Penser la catastrophe pour savoir comment s’en garder.

Or, tout semble indiquer que les hommes sont soumis à des logiques de consommation  hors toute considération des éventuelles implications morales de ce qu’ils font, sur les autres hommes, sur la nature ou sur leur avenir». Une description d’un état de chose qui est une caractéristique du monde né de la  globalisation libérale qui vient de se fracasser face à un virus dix mille fois plus petit qu’un grain de sable. Insouciance et arrogance illustrées par le triomphe des populistes ici et là.

L’image de Titanic s’impose d’elle-même comme une métaphore d’un mode vie qui va dans le mur.. Titanic, en effet, une allégorie des sociétés de classes et de l’arrogance des classes dominantes, enivrées par la performance technologique du paquebot… Le réveil est brutal… espérons le salutaire.

A l’image des signes d’espoir qui émanent de notre pays. La crise actuelle est une épreuve qui met à l’examen aussi bien l’Etat que la société. Et un fait indéniable s’impose d’emblée, l’Etat est en train de marquer des points positifs au tableau d’honneur de la réactivité. C’est un fait relevé, souligné et salué à l’échelle mondiale. Notre pays est cité comme une référence dans la panoplie des politiques engagées face au virus implacable. Cette magnifique mobilisation, d’abord des institutions de l’Etat, rappelle une constante qui fait la spécificité de la nation marocaine : être au rendez-vous des grands défis.

Cela réveille le souvenir de glorieux précédents chez différentes générations, ne serait-ce que celui de la marche verte. Un background qui nourrit un formidable élan qui traverse l’ensemble des institutions. Cet élan  est porté, animé par les initiatives du Souverain qui a actionné ses prérogatives à différents niveaux : en tant que Chef de l’Etat, en orientant l’action de l’exécutif ; en tant que chef des armées en appelant à l’implication des moyens militaires dans la lutte engagée, et en tant que Commandeur des croyants en interpellant les Ulémas, les appelant à assumer leur rôle.

Une occasion alors de saluer les forces engagées dans cette terrible lutte, notamment les cadres de la santé publique que l’on peut déclarer déjà héros de la Nation ; les forces de sécurité dont la tâches est cruciale en ces temps difficiles chargés de tous les périls… On peut dire alors que désormais la balle est dans le camp de la société, des populations. Elles doivent être à la hauteur de ces efforts et de cette mobilisation. Non seulement en faisant preuve de discipline (tout le monde est admiratif du modèle chinois) mais aussi en étant inventif en termes de solidarité et de soutien mutuel; des formes horizontales d’auto-organisation et de comportement civique.

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