André Azoulay : «la musique change ce que la politique ne sait pas changer !»

Grand témoin du Forum des droits de l’homme

NES à Essaouira, Mohamed Nait Youssef

Entamé depuis 2012, le Forum des droits de l’homme organisé dans le cadre  du Festival constitue un temps fort pour réfléchir autour de diverses thématiques. Cette année, le choix est tombé sur une problématique toujours d’actualité : «identités et appartenances».  Deux  jours de réflexions, de débats fructueux ayant connu la participation d’une belle brochette de penseurs, philosophes, chercheurs et académiciens, tous horizons confondus, ont ponctué le programme de cette édition.

En effet, le témoignage poignant, sincère et profond d’André Azoulay, Conseiller du Roi Mohammed VI, était l’un des moments marquants du Forum. Dans son discours, l’intervenant est revenu sur la question de l’identité, du rapport à l’autre, à la musique et à sa ville natale : Essaouira.

«Il y a une réalité marocaine, je la revendique. Il y a cette démarche qui n’est pas celle ni de l’identité ni de l’appartenance au sens primaire et direct.  Mais, il y a cette démarche qui est celle de la résistance.», a-t-affirmé.  Essaouira, dit-il,  a résisté d’abord parce qu’elle fait un choix militant, un choix national et universel. «On a cette ambition. Et  j’identifie mon pays en inscrivant cette identification chez moi à Essaouira parce qu’elle a fait ce choix là où les autres n’ont pas su, n’ont pas voulu ou n’ont pas pensé à ce choix.», a-t-il révélé.

Pour lui, il s’agit d’un combat permanent. «Il y a une refondation, une renaissance d’Essaouira depuis 30 ans qui est spectaculaire, mais le combat est loin des thèmes déterminés pour ceux qui veulent  encore une fois s’inscrire à la fois dans la résilience, mais s’inscrire aussi dans cette résilience en tant que militants.», a-t-il précisé.

Selon lui toujours, Essaouira était la capitale de la cavillation hippie,  et «les plus grands de ce que nous disons et de ce que nous faisons aujourd’hui sont venus ici, et ils ont fait la même chose. Ils l’on fait avant nous et mieux que nous», a-t-il fait savoir.

Et d’ajouter : «j’ai découvert cette intimité, cette universalité de la musique gnaouas, en écoutant, enfant, les plus grands du jazz qui sont venus ici pas pour les gnaouas et qui savaient que les gnaouas étaient là. Les premiers enregistrements entre les grands maâlems et les grands du jazz se sont faits dans les années 70 à Essaouira. Et c’est de chez eux que j’ai entendu que le cœur du blues était dans le guembri.  J’ai compris qu’à ce moment là, il y avait quelque chose. Les gnaoua existaient dans mon univers d’enfant dans des fêtes et  des cérémonies.»

D’après André Azoulay, il y avait une réalité avant Essaouira et une réalité après Essaouira qui a tout changé, pour reprendre les paroles de la chanson écrite par Hamid El Kasri. «Il y a cette citoyenneté reconstruite et que nous nous sommes tous réappropriés», a-t-il révélé.

Cette démarche, poursuit-il- n’a pas été facile. «Il faut que nous marocains, nous soyons enracinés  dans les fondements les plus profonds de ce que a été la destinée de cette région du monde. Et on le fait plus près des autres pour être encore plus engagés avec les autres», a-t-il indiqué.

Ici, à Essaouira, a-t-il rappelé, la musique ce n’est pas seulement l’émotion. «La musique change ce que la politique ne sait pas changer»,conclut-il.

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