L’angoisse hydrique dans le Souss

On reviendra sur la situation inquiétante qui taraude la région du Souss, en matière de ressources hydrauliques. Les retenues en eau des principaux barrages du Grand Agadir ne dépassent guère un peu plus de 15% en cette fin de l’an 2021. Un piètre taux de remplissage qui augure d’une saison agricole désastreuse, dont les effets ne tardent nullement à révéler les prémices d’une crise hydrique gravissime.

Pis encore, la soif aiguë parmi les patelins les plus reculés de la région rôde dans les parages et menace de semer sans pitié les angoisses à grandes échelles. Dans nombre de zones de la région, l’indigence hallucinante de l’eau incite les Autorités à procéder à des coupures de la denrée vitale, du fait que les barrages à sec ne sont plus en mesure d’alimenter en suffisance les agglomérations urbaines et leurs environs.

La rareté de l’eau met donc en péril aussi bien les populations atrocement assoiffées que les cheptels et les terres agricoles. Et ce, en dépit des mesures palliatives, mises en place par le conseil régional notamment, depuis déjà des lustres, pour assurer l’approvisionnement en eau de manière régulière. Il est à noter qu’au titre de l’année 2020, les réserves d’eau dans ces barrages frôlaient un taux d’environs 33% soit un peu plus de la moitié par rapport à la période actuelle. La pénurie pluviométrique à priori, demeure la conséquence essentielle de l’état critique dont pâtit affreusement toute cette zone sinistrée.

A titre indicatif, on citera le volume de bourrage de principaux barrages de la région en particulier Abdelmoumen avec 3, 59% de sa capacité, Ibn Tachfine à 17,49, My Abdallah à 13, 95. L’ampleur de ce constat est alarmante qui, outre l’aspect climatique, révèle que les précédents gouvernements se sont désengagés par rapport aux dispositions prévues à l’accord-cadre « de préservation et développement des ressources hydriques », paraphé en 2007.

En effet, cette démarche à laquelle faisaient partie des intervenants dans le secteur de l’eau, tant du corps administratif que représentatif, se donnait comme objectif, la dotation en barrages, la mise place de lacs à même de mobiliser l’eau dans les vallées, la mise en œuvre de dispositif de transition vers une irrigation structurée dans les périmètres à grandes surfaces…

Où en est-on aujourd’hui, après 15 ans de cette entreprise partenariale entre particulièrement le conseil régional de Souss Massa et le ministère de tutelle ? Pas grand-chose, sachant que ce fut une première afférente à la problématique de l’eau. Il aurait fallu se focaliser sur les conclusions de ladite convention qui a nécessité un labeur colossal, au lieu de se lancer actuellement à mettre en avant un plan d’urgence, comme récemment déclaré lors d’une séance parlementaire.

Il est insensé d’ignorer tout cet effort déployé avec rigorisme et civisme, au terme duquel il s’est achevé sur des mesures concertées, adoptées par le conseil supérieur de l’eau et du climat, à la base du plan directeur de l’aménagement intégré des ressources hydriques, validées par le conseil de la région, le 31 janvier 2007. On mentionnera, à cet effet, à titre d’exemple, l’article 4 qui stipule « mobilisation des eaux de surface, à travers la mise en place de 22 petits barrages et de barrages collinaires d’un investissement global de 804 millions de dhs, étalés sur une décennie ainsi que cinq grands et moyens barrages dont le coût s’élève à 1,6 milliards de dirhams».

C’est là un décrochage ahurissant d’efforts et de fonds, dû souvent par cette habitude de tout changer dès qu’on change de responsables à la tête de tel ou tel département. L’eau est une matière vitale au dessus de tout clivage et d’état d’âme!

Related posts

Top