Dans une destination comme Agadir, considérée par les experts en la matière, comme l’une des stations balnéaires les plus prises de la planète, le secteur du tourisme éprouve beaucoup de peine à redresser les mâts de la navigation à bon port. Il est bien évident que, depuis son débarquement sur la capitale du Souss, le Wali s’y mettait d’arrache-pied afin de contribuer à redorer le blason du domaine, en chute libre.
Pour ce faire, il rassemblait toute la communauté du tourisme, en faisant vivement appel au savoir-faire des ténors aguerris du secteur dont l’apport s’avérait, en fait, fort déterminant pour remettre d’aplomb la structure fédératrice qu’est le Conseil Régional du Tourisme (CRT). Après d’âpres consultations au sein de cette instance, menées de main de maître par le chef de file de la région, le dénouement ne tardait pas à s’installer, à la grande réjouissance des multiples intervenants, toutes catégories confondues.
Et puis, ce fut une vieille figure de proue du secteur de la région qui détint les rênes aux harnais ardues pour le remettre en selle et défaire ses divers nœuds. Rachid Dahmaz, puisqu’il s’agit de lui, prit les commandes de la «république idéale» de Platon et s’embarque tenter la grande aventure. Empreint d’un tempérament stoïcien, le nouveau président s’apparente à la mission avec punch, en compagnie de nombre de partenaires.
Son entrain gagneur par lequel il a fait ses preuves en tant que voyagiste à Agadir, ensuite opérateur hôtelier à Saïdia, l’incite aujourd’hui à s’insurger contre les élus qui tentent de le contraindre à dépenser selon leur bon vouloir, les subventions allouées au CRT. En effet, ces fonds mis à la disposition de cette structure associative bénévole, seuls les professionnels du tourisme ont la latitude d’en faire usage, loin de toute immixtion des donneurs.
Par ailleurs, si l’industrie touristique est en passe de rehausser ardemment le volet hôtellerie, aussi bien à Agadir qu’à Taghazout en constant chantier, au regard des réhabilitations en interne, les activités parallèles semblent broyer du pain noir. On citera, à cet égard, la décadence des agences de voyage dont le parc s’est affreusement amenuisé et, de ce fait, influe négativement sur la cadence des visites et excursions dans l’arrière-pays.
On croit bien savoir qu’on est passé autrefois, de plus de 150 agences à une vingtaine qui vivote encore, sous l’effet nocif du All Inclusive. De même, l’activité artisanale, jadis huppée et florissante, s’estompe au fil du temps, à tel point qu’une kyrielle de bazaristes ferme boutique et jette les clés sous le paillasson. Enfin, la restauration, levier nodal du secteur, se débat dans une anarchie abyssale. Une série d’associations s’érige en espace intégrateur de ce maillon gastronomique, mais, aucune d’elle n’a pu fédérer les professionnels de l’art culinaire. Pis encore, cette multitude associative s’est lancée dans des rixes intestines, portant préjudice à cette catégorie spécialisée et, partout, à tout le secteur du tourisme.
Cette débandade désolante à inciter nombre de supposés professionnels du métier à transformer leurs boîtes en cabarets suffocants où le chicha et d’autres vices de «débauche» battent leur plein. Ces restaurants déguisés «à vocation touristique» mal entretenus, empestent le secteur et dégagent une image piteuse à la station. Mais, il convient de soustraire de cette pagaille une flopée de restaurateurs qui se respectent et offrent un produit de table savamment et amoureusement préparé. C’est avec ces gens-là, à la fois civiques et consciencieux, qu’on pourrait constituer un front alternatif et cohérent pour relever le registre de ce chaînon incontournable de la chose touristique.