L’intérêt pour le Maroc de revoir ses accords de libre échange complet et approfondi (ALECA) n’est plus à démontrer étant donné le déséquilibre de la balance commerciale avec de nombreux pays partenaires.
C’est d’ailleurs l’une des recommandations formulées par le PPS dans le cadre de son nouveau mémorandum sur le futur modèle de développement du Maroc, présenté lors d’une conférence de presse, lundi à Rabat. Lotfi El Mrini, membre du comité central du PPS, est revenue sur les raisons derrière cet appel à réviser les ALECA. Selon lui, ces accords n’ont pas donné des résultats satisfaisants dans la mesure où le Maroc continue à importer plus qu’il n’exporte.
El Mrini considère que ces accords ont plongé le pays dans un malaise économique, déplorant l’incapacité du Maroc à pénétrer de nouveaux marchés et à concurrencer ses partenaires. Un constat qu’il explique notamment par la faible maturité du secteur privé. «Nous avons conclu des ALECA avec des pays où le secteur privé est fort, alors que nos entreprises n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire pour accéder à de grands marchés», a-t-il dit. D’où la nécessité de revoir ces accords pour plus d’équilibre. Dans cette affaire, l’essentiel réside dans la décision politique, comme l’a souligné El Mrini.
C’est une réforme de fond en comble pour laquelle il faudra beaucoup de courage politique afin de la faire aboutir. «Nous sommes un Etat souverain en mesure de revoir ou geler les accords qui ne garantissent pas la réciprocité d’intérêts», a-t-il dit. Il convient aussi d’«identifier les capacités et limites du secteur privé avant de conclure tout nouvel accord de libre échange».
L’adoption de mesures anti-dumping est également recommandée pour protéger le tissu industriel. Dans ce schéma, l’Etat doit jouer un rôle de stratège et de régulateur dans l’économie. Le mémorandum du PPS insiste sur le renforcement du rôle central de l’Etat dans la construction d’une économie nationale productive et inclusive. Pendant longtemps, «le développement économique a été considéré comme étant du seul ressort du secteur privé, l’Etat n’intervenant donc pas dans la planification», a déploré Abdelouahed Souhail, membre du bureau politique du PPS. Or, dit-il, «les limites de l’Etat dans la contribution au développement économique n’existent pas». Un pilotage est nécessaire pour assurer la gouvernance du secteur économique.
Abdelouahed Souhail est catégorique : «il n’y a pas un pays qui a évolué sans intervention de l’Etat», a-t-il affirmé. Ainsi, l’Etat est appelé a jouer un nouveau rôle, en veillant notamment à la diversification de l’économie. Abdelouahed Souhail a été on ne peut plus clair : A eux seuls, «le textile et l’agriculture ne suffisent plus pour assurer le décollage économique du pays». L’industrialisation est la finalité ultime du PPS. Cela devrait se faire dès la transformation de la matière première jusqu’à la distribution au consommateur.
L’idée est de rompre avec la logique de sous-traitance qui caractérise actuellement le secteur industriel, comme l’a souligné Abdeslam Seddiki, membre du bureau politique. En plus de cela, «il faudra booster les investissements nationaux».Pour l’heure, les nouveaux métiers mondiaux restent entre les mains des étrangers, leur valeur ajoutée demeurant faible, déplore Seddiki.
Abdelali Doumou, membre du comité central du PPS, est du même avis qui considère que l’industrialisation du Maroc a reculé puisque les secteurs qui ont décollé sont portés par des investisseurs étrangers. Dans son mémorandum, le PPS propose quelques mesures destinées à renforcer le tissu économique national.
Parmi elles, la nécessité de revoir le système de subvention afin de le rendre conforme aux finalités du ciblage social et de rationaliser le dispositif de dérogations pour qu’il obéisse aux critères du mérité et d’intérêt général. Abdelali Doumou s’est particulièrement arrêté sur les mécanismes incitatives, qui profitent à certains secteurs plus qu’à d’autres.
En gros, c’est la réorientation de l’investissement public qui est attendue. Des investissements en masse dans des secteurs non productifs et à faible valeur ajoutée comme l’immobilier gagnerait à être revu.
Hajar Benezha