Entretien EXCLUSIF avec Mohammed Boutasaa, le prodige marocain entraîné par Mohamed Ben Nassar
Par Oussama Zidouhia
C’est désormais officiel. Le combattant marocain Mohammed Boutasaa, qui représente Gym Southpaw (Pays Bas), a rejoint l’une des plus grandes organisations d’Arts Martiaux au monde, One Championship basée à Singapour. Toujours invaincu, pour ses débuts très attendus (poids plume), il défiera le kickboxeur géorgien, Davit Kiria, ce vendredi 20 mai, lors de l’événement One 157, qui aura lieu au Singapore Indoor Stadium de Kallang.
Surnommé « Too Sharp » pour sa technique qui frôle la perfection, Mohammed Boutasaa détient un palmarès impressionnant pour son âge (23 ans seulement). En effet, il est Champion des Pays-Bas 2016 et 2017, Champion d’Europe Enfusion 2017 et 2018 et Champion du monde Enfusion -67kg en 2020. Il a également été désigné meilleur espoir du kickboxing en 2019 et a remporté le prix du meilleur KO la même année.
Né le 4 août 1999 à Amsterdam-Oost dans le quartier Transvaalbuurt, Mohammed Boutasaa est issu d’une famille marocaine originaire de Nador. Il commença à s’entraîner à l’âge de dix ans avec Mohamed Ben Nassar qui fera de lui l’un des combattants les plus prometteurs de sa génération.
Boutasaa débute sa carrière en tant que combattant d’Arts Martiaux Mixtes mais décide finalement de se lancer dans le kickboxing, tout comme ses prédécesseurs et idoles, Badr Hari et Jamal Ben Saddik.
A l’âge de dix-huit ans, Boutasaa signe son premier contrat chez Enfusion, société néerlandaise de promotion du kickboxing et des arts martiaux mixtes basée à Alkmaar, aux Pays-Bas. Deux ans après son arrivée et un win streak légendaire, le Marocain est couronné champion du monde (-67 K) le 29 février 2020 à Eindhoven après avoir battu Khalid El Moukaddam.
Le 24 octobre 2021, il sort vainqueur de sa confrontation contre Youssef El Haji, après avoir remporté unanimement tous les rounds.
Toujours invaincu avec un record de 80 combats, Boutasaa sera la nouvelle attraction de l’événement de ce vendredi. Très médiatisé pour son statut de surdoué, le Lion de l’Atlas sera très attendu pour ses débuts.
Contacté par Al Bayane, Boutasaa s’est confié pour la première fois à un journal Marocain. Entretien exclusif.
Al Bayane : Comment avez-vous rencontré votre mentor et coach, Mohamed Nassar, et à quel point est-il important pour votre carrière?
Boutasaa : J’ai rencontré mon coach il y a de cela 12 ans, en 2010. A cet âge, je sortais jouer dehors. Et par la même occasion, je regardais des enfants de mon âge pratiquer le Kickboxing en plein air. Leur entraîneur, Mohamed Ben Nassar, m’a alors invité à les rejoindre, et depuis, l’histoire s’est écrite.
Quel est le secret derrière le succès mondial de votre équipe, Gym South Paw?
Après quelques mois seulement d’entraînement, j’ai commencé à participer à des combats alors très jeune pour Mo Ben Nassar. Année après année, on a grandi et évolué ensemble, avant de construire notre propre salle (@GYMSOUTHPAW). On a vraiment démarré cette carrière en s’entraînant dans la rue. Aujourd’hui, nous avons l’une des meilleures salles au Monde qui peut offrir de nouvelles alternatives pour le futur de cette jeunesse en perdition. Notre succès vient de notre souffrance, du faite que nous avons commencé avec absolument rien.
Vos parents sont nés à Nador au Maroc. Que signifient vos origines pour vous, sachant que vous avez grandi à Amsterdam?
Je suis effectivement originaire de Nador, mes parents sont nés et ont grandi à Beni Said. Moi j’ai vécu à Amsterdam toute ma jeunesse et je peux vous dire que c’est très différent. Mon père est venu ici et a commencé a travaillé très dur. Ma mère s’occupait de la maison, comme la majorité des familles marocaines ici. En ce qui me concerne, j’ai été assez chanceux d’avoir des parents aussi impliqués pour mon avenir. Grâce à eux, j’ai fait mes études et mon sport.
Vous venez souvent au Maroc ?
Je viens chaque année au Maroc. Je visite ma famille et je voyage dans les différentes villes du Royaume. Malheureusement, depuis le Covid, je n’ai pas pu revenir. Inchallah, je serais de retour bientôt.
La presse mondiale vous présente comme le nouveau prodige marocain du Kickboxing. Êtes-vous impacté par cette étiquette ?
Les medias, surtout aux Pays Bas, se sont beaucoup intéressés à moi vu mon palmarès (invaincu) et mon jeune âge. Cependant, il y a beaucoup d’autres Marocains ici qui pratiquent ce sport et qui ont également besoin d’une couverture médiatique qui leur permettra d’évoluer.
Vous êtes officiellement un nouveau combattant chez One Championship. Comment ceci s’est fait ? Et que ressentez-vous maintenant que vous allez combattre dans l’une des plus grandes organisations de la planète?
Tout d’abord, je combattais pour Enfusion (société néerlandaise de promotion du kickboxing et des arts martiaux mixtes). Chez eux, j’ai battu tout le monde dans ma catégorie. Ce qui a attiré plusieurs autres grandes organisations qui m’ont offert un contrat. J’avais une offre de Glory et de One Championship et j’ai finalement choisi cette dernière à cause de la compétition et la visibilité. Je suis très reconnaissant pour cette opportunité que je ne laisserais pas passée.
Quel est votre sentiment lorsque vous célébrez chaque victoire en portant haut et fort le drapeau marocain?
Quand je soulève le drapeau marocain, je me sens spécial et fier de représenter mon peuple et ma nation que j’aime plus que tout au monde. Moi et mon coach (Mo Ben Nassar), on a toujours été très liés à nos racines. Les fans marocains sont toujours là dans mes combats pour me soutenir et je serais toujours à la hauteur de ce drapeau.
Que pense votre famille de votre choix de carrière? Et quel conseil donneriez-vous aux parents marocains qui ont peur d’inscrire leurs enfants dans des cours de Kickboxing ?
Mon conseil aux parents marocains est de donner aux enfants, la chance de faire ce qu’ils aiment. Les miens ont également eu du mal au début. Mais après quelques combats, ils ont compris que c’est un sport. Aujourd’hui, ils sont les premiers à me soutenir.
Pour votre premier combat chez One Championship, vous allez faire face à un adversaire qui a beaucoup plus d’expérience, Davit Kiria. Comment votre préparation s’est-elle passée ?
Mon adversaire (Davit Kiria) est une légende vivante, un ancien champion chez Glory et un des combattants les plus expérimentés de cette division. Cependant, les gens qui ont l’habitude de me regarder combattre savent que je ne viens pas pour participer mais uniquement pour gagner. Sinon j’aurais pu rester à la maison. Ce vendredi, je vais offrir un show sans pareil pour mes marocains.
Quel est votre ultime objectif en tant que combattant?
Mon objectif est d’écrire l’histoire et de laisser un héritage dans ce sport en tant que marocain. Tout comme mes prédécesseurs et mon entraîneur qui a également porté les couleurs de notre pays depuis qu’il était un combattant actif. Aujourd’hui, je souhaite être un bon exemple pour la jeunesse marocaine en particulier qui doit croire en ses rêves.
Un dernier message pour vos fans marocains?
A mes fans au Maroc, je vous aime. J’ai les meilleurs supporters au Monde et j’apprécie votre soutien. J’en profite également pour remercier SM le Roi Mohammed VI qui soutient toujours les sportifs représentant du Royaume.