Formation médicale continue
Ouardirhi Abdelaziz
Dans un monde en perpétuel mouvements, confronté aux calamités naturelles, changements climatiques, inondations, aux guerres, séismes et aux épidémies, soulever la question de la formation continue dans le domaine médical, nous parait très important et essentiel. Surtout pour une profession dont les études durent 7, voire 8 ans, et même 12 ou 14 ans pour certaines spécialités pointues. Il est évident que ce sont de longues études, difficiles et éreintantes, ce qui demande énormément de patience, de sacrifices, de sérieux et de mise à jour constante.
Une situation qui en décourage plus d’un, et certains finissent même par abandonner au bout d’une, deux ou trois ans d’études.
Pour les autres qui réussissent à franchir le cap, c’est-à-dire les meilleurs, les plus aptes, ils deviennent effectivement médecins, dans la très grande majorité des cas. Après avoir soutenu leur thèse de doctorat en médecine, ils estiment que le savoir médical s’arrête avec l’obtention du diplôme.
Ce qui est totalement faux, car aujourd’hui plus qu’en tout autre temps, la médecine réalise chaque jour des progrès extraordinaires dans tous les domaines, aussi bien diagnostic, thérapeutique, technologique.
Un médecin qui ne tient pas compte de cette réalité sera très vite dépassé par les évènements, car les progrès de la science médicale font qu’un enseignement de base est périmé au bout de 5 ans.
Les leçons du Covid
Le docteur en médecine fraichement diplômé va exercer sa profession pendant quelques années, s’apercevant qu’au fil des ans la médecine avance tellement vite, que les connaissances médicales et la recherche évoluent sans cesse. Cela a été confirmé par de très nombreux médecins tant au niveau du secteur public que celui du privé lors de la pandémie du Covid-19. Dans un tel contexte mondial auquel étaient confrontés les scientifiques, les chercheurs, les professionnels de santé dans une course contre un ennemi commun, les pratiques médicales sont marquées par des innovations médicales rapides, diagnostiques et thérapeutiques, et des évolutions scientifiques constantes.
Pour le corps médical, les nouveaux, et les anciens praticiens ; il devenait essentiel, vital de réagir vite, de rester à jour sur les connaissances et les compétences médicales et avancées dans leur domaine pour traiter et sauver le plus de malades.
Pour se faire, il fallait s’assurer d’une formation continue, de s’informer quotidiennement sur les innovations médicales
du savoir, ce qui se passe ailleurs sous d’autres cieux, qu’elles sont les nouveautés, les protocoles, les techniques, les molécules innovantes…
Un devoir déontologique
Aucune formation n’assure une compétence pour une vie entière. Les médecins quels que soient leurs modes d’exercice ou leurs spécialités ont le devoir déontologique de se former et d’évaluer leurs pratiques.
Aujourd’hui, l’évolution de la pratique médicale est quasi quotidienne et est de plus en plus rapide avec tous les moyens de communication.
Un praticien consciencieux, qui aime son métier, qui a à cœur la santé de ses patients, et qui cherche toujours à améliorer sa performance clinique, doit rester au fait des nouveautés médicales en participant à des actions de formation médicale continue. Il n’y a pas d’autres voies ou solutions pour exceller et aller de l’avant dans un domaine aussi essentiel que la pratique de la médecine.
La formation médicale continue (FMC) est la solution idoine. Chaque médecin doit s’impliquer et se l’approprier car elle a pour objectif de lui permettre de garder sa place privilégiée de responsable fiable de la santé des autres.
Il ne fait aucun doute que la FMC est un plus, que son importance est reconnue par tous les médecins, car elle est un élément essentiel de la responsabilité éthique de chaque praticien. La formation médicale continue constitue de ce fait, une priorité pour notre pays. Son obligation doit faire l’objet d’un débat sérieux, sincère, honnête et responsable. Elle permettra aux praticiens un recyclage de leurs connaissances afin de garantir une qualité de soins d’autant plus que l’information médicale évolue et devient obsolète au bout de cinq ans.
Qu’est-ce que la formation médicale continue (FMC) ?
La formation médicale continue (FMC) est l’équivalent du terme américain « continuing medical education » (CME), les Etats Unis ayant initié la discipline et établi des obligations de formation continue a tous les praticiens dans les 50 Etats .
Il s’agit d’une formation continue qui s’acquiert après l’obtention du doctorat en médecine.
Indispensable dans bien des métiers, mais particulièrement nécessaire dans les professions de santé en raison de l’évolution de plus en plus rapide des connaissances et des techniques, la formation continue en médecine s’impose dans le principe à tout praticien par le code de déontologie qui énonce que le médecin doit dispenser des soins consciencieux et fondés sur les données acquises de la science.
Tout médecin doit entretenir et perfectionner ses connaissances ; il doit prendre toutes dispositions nécessaires pour participer à des actions de formation continue. Tout médecin participe à l’évaluation des pratiques professionnelles.
Au Maroc, il est utile de rappeler que les études médicales sont considérées parmi les meilleurs au niveau régional, continental et mondial. Preuve en est le nombre très important d’étudiants étrangers qui viennent au Maroc pour faire leurs études au niveau des différentes facultés de médecine et de pharmacie.
Sollicitude Royale
Sa majesté le Roi Mohamed VI que Dieu l’assiste, à travers son Message Royal adressé aux participants à la Conférence nationale sur la santé a tenue à Marrakech du 1er au 3 juillet 2013, à inviter les différents acteurs et intervenants à « Entourer la question des ressources humaines dans ce secteur vital, de toute l’attention qu’elle mérite. Il convient de leur assurer une formation de qualité et, par conséquent, de garantir leur mise à niveau et leur adaptation à l’évolution scientifique et technologique intervenue en matière de traitement, de prévention, de gestion, et de la gouvernance sanitaire, et ce, conformément aux normes internationales. »
Aujourd’hui, avec la refonte du système de santé qui constitue une condition indispensable pour garantir la réussite du grand chantier Royal relatif à la généralisation de la protection sociale, et afin d’accompagner tous les chantiers et projets stratégiques du secteur de la santé.Il est primordial d’améliorer et d’élargir les compétences scientifiques et professionnelles de l’ensemble du personnel de santé (médecins, infirmiers) au niveau régional, dans divers domaines et axes de formation. Cela doit se faire en adoptant une approche scientifique et pragmatique, qui repose sur l’identification et l’analyse des besoins spécifiques en formation exprimés par les professionnels de santé. Ces derniers doivent être satisfaits de façon efficace et appropriée pour contribuer à un développement accru des domaines liés à la gouvernance, l’administration et la gestion, ainsi qu’à l’amélioration de la qualité des services médicaux proposés aux citoyens.