«Réflexions ouvertes pour un développement souverain au Maroc»

Lu pour vous

Dernier ouvrage de Abdelaâli Benchekroun, co-auteur de « Renouveau pour le Maroc » et de « مسار آخر للمغرب »

L’ouvrage « Réflexions ouvertes pour un développement souverain au Maroc », qui vient de paraitre, amène de nouvelles propositions sur le développement, et appelle au débat sur ce qu’il considère comme des réflexions en faveur d’un développement souverain visant plus de souplesse et d’autonomie dans un contexte mondial risqué et en mutation accélérée.

Il comporte un 1er chapitre sur la problématique et les défis pour l’instauration d’un État social au Maroc. Le 2ème chapitre traite de la souveraineté énergétique avec un zoom sur les énergies renouvelables, le 3ème chapitre de la souveraineté industrielle en débattant les niveaux de développement de l’automobile et de l’aéronautique.  Le 4ème chapitre met l’accent sur la place de l’Économie Sociale et Solidaire, en tant que composante importante pour le développement alternatif.

Et enfin, le dernier chapitre propose que la vision programmatique des acteurs de changement doive partir d’abord du débat de la souveraineté, économique, industrielle, technologique, alimentaire, énergétique et également culturelle.

L’ouvrage, se concentre d’abord sur la thèse de l’État social qu’il qualifie de développeur. En effet, pour l’auteur, il ne  peut y avoir d’État social, dans notre contexte, sans la dimension fondamentale de développement authentique qu’il qualifie de souverain. Les crises par lesquelles est passé le pays pendant la pandémie, mais aussi lors du séisme du Haouz, ont montré combien l’intervention de l’appareil de l’État était vitale.

Le capitalisme et la classe capitaliste marocaine se sont avérées d’une façon ou d’une autre défaillante. La mentalité rentière étant répandue, la culture entrepreneuriale dans le pays très faible et les soucis de « gouvernance » sont énormes et frisent l’irréparable.

Cette réalité et ces défaillances, se traduisent d’abord par les inégalités qui s’approfondissent toujours davantage, par l’inflation rampante, notamment avec les prix artificiellement élevés des carburants, la liquidation continue de la caisse de compensation, le prix de butane qui augmente, la santé qui menace les malades, l’école publique dont la situation très problématique laisse beaucoup à désirer, l’environnement qui se détériore surtout dans les grandes villes et un certain de phénomènes néfastes comme le chômage, la délinquance et même la mendicité, qui continuent à ternir l’image du pays.

Mais les orientations actuelles, qui s’inscrivent globalement dans un environnement international de « mondialisation capitaliste », ne peuvent traduire un fatalisme prédestiné pour le pays. Des alternatives existent bien à ces options politiques et stratégiques, socio-économiques et culturelles. À travers les luttes et revendications quotidiennes des différentes catégories des populations à travers leurs modes de coordinations communes, des acquis peuvent être réels en leur faveur et contribuent alors à faire évoluer les rapports de forces, pour mieux avancer vers plus de petites victoires, en direction des conditions de l’instauration de l’État social développeur.

Dans les faits, l’auteur note qu’on assiste à un gap entre le(s) discours et la réalité, entre les déclarations sincères ou militantes pour développer l’économie et la société, et les discours formels ou rhétoriques sur le développement, et sur le « modèle de développement ». Tout commence par la volonté d’œuvrer en faveur d’un développement qui consacrerait la souveraineté, l’autosuffisance des secteurs sensibles, dont l’importance vitale a été révélée par exemple avec l’expérience de la pandémie ou également la catastrophe du séisme du Haouz.

L’ouvrage zoome sur l’économie et les politiques publiques lors de la pandémie, parce que, « nous le craignons fort, la donnée pandémique pourrait avoir tendance à devenir structurelle et présente dans la vie quotidienne des pays et du monde, avec la bénédiction presque sournoise, et l’aval des organisations internationales, telles l’OMS ou même l’ONU ».

C’est pour cela que l’ouvrage donne une grande importance à l’intervention innovante de l’État dans l’économie, dans les orientations économiques et sociales et au développement d’un certain secteur public et ce, différemment de recommandations d’instances financières internationales, dont les conséquences, notamment en matière d’endettement, ne peuvent que davantage peser sur l’avenir des générations futures et aggraver la paupérisation.

Le Plan global de l’État social développeur, tracerait et concevrait ainsi ces orientations et cette vision de développement et de renaissance nationale. Il remplacerait alors les Plans sectoriels qui avaient longtemps, ou souvent été, le produit d’instances étrangères au contexte national et étrangères aux vrais soucis et problèmes de développement du pays.

L’auteur propose ainsi éclairages sur divers indicateurs et sur la place et le poids de l’industrie dans l’économie, sur celle du secteur énergétique, notamment la crise douloureuse de la Samir, des énergies renouvelables, la transition énergétique, des secteurs industriels tels que l’automobile et l’aéronautique. Comme il traite également de la question fondamentale de l’agriculture, la très grave problématique du stress hydrique, de la souveraineté énergétique, qui a pris des dimensions hypertrophiées, notamment par l’impératif de réhabilitation de la SAMIR.

En développant la thèse de l’État social, l’auteur met l’accent sur l’Éducation et la formation professionnelle, sur le secteur de la Santé et de la protection sociale, en soulignant la flagrante contradiction entre le discours de l’État et la privatisation, de fait, d’un certain nombre d’établissements hospitaliers, l’une des bases essentielles, avec le secteur de la santé, de la protection sociale et de l’État social.

Mais s’il y a une thèse centrale à retenir de l’ouvrage, ce serait d’abord la problématique technologique et de l’appropriation de la « Technologie ». En effet, l’auteur considère que l’enjeu fondamental réside dans la transition vers l’économie et la société de la connaissance.

Pour cela le pays doit améliorer son pouvoir de négociation pour conditionner ses échanges et ses relations économiques et de coopération à un bien meilleur transfert de technologie. En même temps veiller à arrêter l’hémorragie des cadres et des compétences nationales qui quittent le pays pour s’expatrier vers des pays qui leur réservent des conditions matérielles meilleures, et instaurer une politique visant le rapatriement des talents marocains, pour contribuer au développement économique et social national. Les talents du Maroc se sont révélés parmi les meilleurs du monde. Plusieurs parmi eux sont malheureusement en train de produire la sève de l’économie et de la société de la connaissance sous d’autres cieux.

Dans ce contexte, et pour réaliser une industrialisation souveraine, une maitrise des technologies sous-jacentes à l’industrie et à son software,  est vitale pour aspirer à occuper une place parmi les nations économiquement et industriellement avancées, en dépassant le seul rôle de sous-traitance et d’équipementiers de second rang.

L’auteur enfin, souligne qu’une société qui se développe sûrement dans le concert des nations, ne peut faire l’économie d’une vraie culture de démocratie, de liberté et de citoyenneté, pour garantir l’émergence et l’instauration d’institutions représentatives dignes d’un État social développeur, qui soient le vecteur sain d’une démocratie authentique, facteur essentiel de la renaissance nationale globale.

L’auteur a également réservé des passages de l’ouvrage à la manifestation sportive du Mundial, que le Maroc co-organise avec l’Espagne et le Portugal, en 2030, et qu’il considère comme étant une opportunité historique si on l’exploite de façon optimale en faveur du développement socio-économique du pays.

En effet, la question se pose s’il faut se concentrer essentiellement sur la construction d’infrastructures sportives, ou bien à côté de tels projets purement sportifs, il faut en profiter pour accomplir un pas de géant dans le développement économique, industriel, social et culturel, d’ici 2030, pour faire du pays un chantier gigantesque de changements innovants et productifs ?

L’ouvrage montre comme une évidence, que le Maroc peut et doit exploiter l’élan du Mundial pour développer davantage les infrastructures industrielles, multiplier les Technoparcs, les investissements productifs et les plateformes logistiques. En parallèle des sites sportifs, promouvoir l’innovation tous azimuts, en incitant et encourageant les inventions, les inventeurs et la recherche, dans les domaines sportifs et industriels, en impliquant les universités et les écoles d’ingénierie, et intéresser les investisseurs potentiels nationaux et du monde, à investir et amener leurs projets technologiques dans le pays.

En somme profiter du Mundial et l’exploiter à maximum, pour vendre une image rayonnante et éminemment performante d’un Maroc en pleine mutation économique, industrielle et technologique et qui avance résolument et fortement vers l’avenir et le plein emploi de ses capacités, naturelles et humaines.

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