Webinaire du PPS sur la violence à l’égard des femmes

Appel à l’éducation aux droits humains et à la sensibilisation pour combattre le phénomène

Conscient de la nécessité de redoubler d’efforts pour contribuer au combat contre la violence à l’égard des femmes, une pratique très répandue dans la société et les groupes sociaux, le Forum Parité et Egalité (FPE), une organisation parallèle du Parti du Progrès et du Socialisme, a fait de la défense de la cause de la femme (égalité, parité, droits etc…) sa raison d’être. Il a organisé, samedi soir, un webinaire intitulé : « la violence à l’encontre des femmes : dimensions psychologiques et sociales».

D’entrée de jeu, la journaliste Khadija Arouhal, modératrice de ce débat auquel ont pris part Dr Rachid El Mounacifi,  criminologue, victimologue, psychanalyste et expert international en matière de sécurité et Fatima Zohra Chaoui, avocate au barreau de Casablanca et présidente de l’Association contre la violence à l’égard des femmes (AMVEF), a souligné l’intérêt qu’accorde le FPE à l’égalité homme-femme et à la lutte contre la violence faite aux femmes au Maroc et ailleurs.

Charafat Afailal : «beaucoup reste à faire pour la protection de la femme contre toutes les formes de violence»

Explicitant davantage ces propos, Charafat Afailal, membre du bureau politique du PPS et du bureau exécutif du FPE, a rappelé qu’en dépit de tous les acquis réalisés au Maroc au profit de la femme, il reste beaucoup à faire pour la promotion des droits de la femme et sa protection contre toutes les formes de violence dont elle est victime.

C’est pourquoi, le FPE a pris l’initiative d’organiser cette manifestation pour contribuer à la sensibilisation et à la mobilisation contre ce phénomène, dont la gravité n’échappe à personne.

Pour les participants à cette manifestation, il s’agit d’une pratique qui revêt des dimensions particulières au Maroc pour différentes raisons.

Selon l’Organisation des Nations Unies, ont-ils rappelé, la violence à l’égard des femmes sont «tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Dr El Mounacifi: «les avancées n’ont pas été assez accompagnées par les hommes»

Selon Dr El Mounacifi, dont une vidéo qu’il a réalisée en Suède, son pays de résidence, en compagnie d’autres membres de la communauté marocaine, la violence faite aux femmes marocaines à l’étranger peut aller jusqu’à la mort.

Vingt ou vingt deux femmes marocaines ont été tuées en Suède par leurs conjoints ou proches marocains ou autres, a-t-il dit.

C’est pourquoi, il a jugé nécessaire d’appeler dans cette vidéo, projetée à l’ouverture de ce débat, les Marocains du monde à se mobilier et unir leurs forces pour combattre ce phénomène.

D’après lui, tant que la culture de «Hachouma» prédomine, couplée par l’ignorance et le manque d’éducation, la prévalence des bassesses et l’absence d’éducation aux droits humains en général, il est difficile pour un pays comme le Maroc de progresser dans ce domaine.

Compte tenu des pressions que l’entourage social de la victime exerce sur elle, la femme violentée renonce souvent à porter plainte ou abandonne ses démarches en cours de route.

Il a toutefois reconnu que des progrès indéniables ont été réalisés en matière d’éducation de la femme marocaine qui a réussi à se hisser à un certain nombre de responsabilités, estimant que ces avancées n’ont pas été accompagnées par les hommes en général.

D’après lui, les auteurs de ces actes de violence commis sur des femmes sont souvent des hommes sans culture et souffrant de problèmes psychologiques ou autres.

Me Fatima Zohra Chaoui : «une situation qui trouve aussi son explication dans les politiques publiques»

Pour Fatima Zohra Chaoui, la violence à l’égard des femmes faisait effectivement partie des tabous dont personne n’osait parler. D’après elle, le fait d’en parler aujourd’hui ouvertement, de reconnaitre l’ampleur du phénomène et de le traiter au niveau juridique, est un progrès en soi.

Pourquoi, un tel phénomène est répandu dans les sociétés de la région?

D’après elle, il trouve son origine dans l’hégémonie de la culture masculine qui domine en particulier dans les pays arabes. Il se nourrit aussi d’une interprétation erronée de la religion islamique, à travers un discours qui définit la femme comme étant un être doté de moindres capacités. Et ce pour justifier les tâches et le statut subalternes qu’on lui accorde.

Cette situation trouve aussi son explication dans les politiques publiques poursuivies, les programmes d’enseignement et en particulier dans l’absence de lois dédiées à la protection des femmes, a-t-elle dit, estimant que ce phénomène n’est pas un pur produit de la pauvreté.

Toutes les catégories sociales riches ou pauvres sont concernées, a-t-elle rappelé, pointant du doigt la culture masculine dominante, véhiculée non seulement par des hommes, mais également par de nombreuses femmes, qui la portent avec zèle. Dans le cadre de cette culture, ce sont les femmes, victimes de violence qui sont responsables de la violence commise par les hommes pour des raisons futiles.

Selon les intervenants, les effets de la prévalence de cette pratique criminelle sont catastrophiques sur la santé physique et mentale des femmes violentées, dont nombreuses d’entre elles ne se remettent jamais de ce qu’elles ont subi sur les plans physique, psychique, économique, sexuel, social, numérique, etc. Certaines d’entre elles préfèrent le suicide.

De nombreuses victimes vivent jusqu’à la fin de leur vie avec les séquelles et les cicatrices indélébiles des calvaires qu’elles ont subis.

Certaines d’entre elles sont violentées en présence de leurs enfants, lesquels doivent être traités aussi comme des victimes, a martelé Fatima Zohra Chaoui, appelant à renforcer l’arsenal juridique de protection des enfants contre ces violences, qui se sont multipliées notamment au cours de cette période de crise de la Covid-19.

Abondant dans le même ordre d’idées, Dr El Mounacifi a estimé que l’ennemi numéro un dans ce domaine est l’ignorance qu’il faut combattre à travers une meilleure éducation et formation des futures générations, qui doivent prendre conscience de la nécessité de respecter la femme en tant qu’être humain égal à l’homme, un être qui doit jouir de tous ses droits.

Revenant sur la portée de la loi n° 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, Fatima Zohra Chaoui a indiqué que les nouvelles mesures qu’elle a apportées ne suffisent pas à protéger la femme victime de violence.

C’est pourquoi, certaines femmes sont violentées, même après avoir porté plainte devant la justice pour des actes de violence dont elles ont été victimes. Certaines d’entre elles sont même tuées par leurs agresseurs.

Et quand certaines d’entre elles osent riposter à leurs agresseurs dans un état de légitime défense, elles ne sont pas souvent protégées par la loi. Nombreuses d’entre elles sont même jugées à des peines sévères pour des actes commis en pleine légitime défense. Ce qui est désolant et incompréhensible, selon la présidente de l’AMVEF.

M’Barek Tafsi

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