Un an après que la Cour Pénale Internationale ait ouvert une enquête préliminaire contre le président des Philippines auquel elle reproche la répression féroce qu’il mène, depuis 2016, contre les trafiquants de drogue et qui se serait soldée par des milliers de morts, Manille s’est officiellement retirée ce dimanche 17 mars 2019 de l’instance judiciaire internationale estimant que cette dernière est supposée juger des crimes de guerre et non pas des faits de politique intérieure.
La C.P.I. accuse, pour sa part, le gouvernement philippin d’avoir ordonné l’assassinat d’au moins 5.176 usagers ou trafiquants de drogue ayant tenté d’échapper à une arrestation d’après les estimations faites par la police alors que les organisations de défense des droits de l’Homme qui critiquent une «guerre contre les pauvres» masquant de graves lacunes de l’Etat de droit, estiment, de leur côté, que le nombre réel des personnes assassinées serait au moins trois fois supérieur aux chiffres avancés par les services de la police philippine.
Faisant la sourde-oreille aux critiques qui fusent de toutes parts car étant persuadé que la politique qu’il a choisi de mener contre les trafiquants de drogue reste la plus appropriée, le président philippin Rodrigo Duterte n’entend point coopérer avec la C.P.I. à laquelle il dénie toute «compétence» pour le juger quand bien même le retrait de son pays ne signifie pas, pour autant, la fin des poursuites engagées à son encontre du moment que les statuts de l’instance judiciaire internationale stipulent expressément que le «départ d’un Etat membre ne clôt pas les procédures le concernant».
Ainsi, après le Burundi en 2017, les Philippines sont le deuxième pays à avoir quitté la Cour Pénale Internationale dont le prestige a été sérieusement écorné du fait de l’échec des procédures engagées car les enquêtes diligentées par cette dernière se sont, très souvent, achevées par des acquittements ou par les menaces des Etats mis en cause de quitter l’instance en dénonçant la partialité de ses juges. Ce fut le cas notamment de l’Afrique du Sud, la Gambie, le Kenya et la Zambie.
La politique «africaine» de la C.P.I. en Afrique a été particulièrement décriée après l’acquittement, en Juin dernier de Jean-Pierre Bemba, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo suivi, en Janvier, par celui de l’ancien président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo.
Aussi, au vu des défections tant effectives que prévisibles qui affectent la Cour Pénale Internationale depuis sa création en 2002, il semble bien que son espérance de vie ne soit pas aussi longue que celle que ses fondateurs lui avaient prédit mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi