Nucléaire iranien: Trump met le Congrès dans l’embarras

Le 13 Octobre dernier et dans un discours très virulent à l’encontre de la République Islamique d’Iran, le Président Trump avait déclaré ne pas vouloir «certifier» le «Joint Comprehensive Plan of action» c’est-à-dire le «Plan d’action conjoint» contenu dans le traité international signé avec l’Iran le 14 Juillet 2015 par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne et visant à empêcher le régime des Mollahs de se doter de la bombe atomique.

Par cette décision de «non-certification», Donald Trump avait laissé soixante jours au Sénat et à la Chambre des représentants, c’est-à-dire jusqu’au mardi 12 décembre 2017, pour se prononcer soit sur la poursuite de la levée des sanctions contre l’Iran – en cours depuis 2015 – soit sur leur éventuelle reprise.

Mais la date-butoir ainsi fixée est passée et le Congrès ne s’est toujours pas prononcé.

Pour rappel, ce Plan d’action qui était entré en vigueur en Janvier 2016 lorsque l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) avait confirmé que Téhéran respectait ses engagements, avait poussé les Américains et les Européens à annuler les sanctions initialement imposées à l’Iran à cause de son programme nucléaire.

Or, en considérant que ce plan d’action n’est pas un traité, le président Barack Obama n’avait pas cru devoir le soumettre à une ratification par le Congrès. Raison pour laquelle, lors du 114ème Congrès des Etats-Unis, les Républicains, majoritaires, avaient adopté une loi dite «Iran Nuclear Agrement Review Act» (INARA) qui, bien que n’engageant que les seuls Etats-Unis, oblige le locataire de la Maison Blanche à le «certifier» tous les 90 jours de manière à confirmer au Congrès que l’Iran n’a pas développé de programme nucléaire lui permettant de se doter de l’arme atomique.

Force est de constater, toutefois, qu’en refusant aujourd’hui de «certifier» ce plan malgré les assurances de l’A.I.E.A., le Président américain court  le risque d’être à l’origine d’une relance de la course aux armements et de la prolifération nucléaire en ce moment où le Royaume Wahhabite et la République Islamique se disputent le leadership dans la région et qu’Israël considère que Téhéran constitue une menace pour son existence.

Enfin, en s’interrogeant sur la stratégie qu’il y aurait lieu d’adopter contre Pyong Yang si Donald Trump reste aussi «imprévisible» à l’égard de l’Iran, le Kremlin estime que cette manière d’agir nuira incontestablement «au climat de prévisibilité, de sécurité, de stabilité et de non-prolifération dans le monde entier»; ce qui a fait dire, par ailleurs, au président iranien Hassan Rohani, que «si les Etats-Unis prennent une position hostile à l’égard d’un accord international, ils ne s’opposeront pas seulement à l’Iran mais au monde entier» et a poussé Moscou, Pékin, Paris, Londres et Berlin à mettre en garde Washington contre «un retour en arrière aux conséquences imprévisibles»…

Nabil El Bousaadi

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