Palestine-Israël : Accord pour une aide humanitaire mais «sous les bombes»

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Enfin !… serions-nous tentés de dire suite à l’adoption, ce vendredi, après moult tractations, par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, par 13 voix pour, aucune contre et deux abstentions (Etats-Unis et Russie), d’une résolution exigeant « de toutes les parties qu’elles autorisent et facilitent l’acheminement immédiat, sûr et sans entrave d’une aide humanitaire à grande échelle » à Gaza et demandant, aux protagonistes, de « créer les conditions d’une cessation durable des hostilités » en prenant, de toute urgence, les mesures appropriées pour que soient utilisées toutes les «voies d’accès et de circulation » de la bande de Gaza, afin que le carburant, la nourriture et le matériel médical puissent être acheminés, dans les meilleures conditions et les meilleurs délais, dans l’ensemble de l’enclave palestinienne.

Présenté, dimanche, par les Emirats Arabes Unis, ce texte qui prévoyait, dans sa version initiale, « une cessation urgente et durable des hostilités » puis leur « suspension », à la demande de la Russie, avait été bloqué par les Etats-Unis et n’a pu être adopté qu’après que cette phrase ait été, purement et simplement, retirée à la suite d’intenses discussions afin d’éviter un nouveau véto de Washington en ce moment où l’enclave palestinienne est pilonnée, sans relâche, par l’aviation israélienne et que ses habitants sont menacés par la famine.

Aussi, en considérant que la « façon avec laquelle Israël conduit son offensive » constitue un « obstacle massif à la distribution de l’aide humanitaire à Gaza », le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait insisté sur le fait qu’un « cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen pour commencer à répondre aux besoins désespérés de la population de Gaza et mettre fin au cauchemar qu’elle vit ».

Mais au vu de l’intransigeance des Etats-Unis et de leur protégé israélien qui refusent de surseoir – ne serait-ce qu’à titre provisoire – au bombardement de l’enclave palestinienne, la proposition d’un cessez-le-feu avait été écartée et les négociations avaient porté sur la manière de mettre en place un mécanisme de suivi pour s’assurer de la nature « humanitaire » de l’aide qu’il convient d’apporter aux gazaouis.

Or, même à ce niveau-là, Israël qui voulait maintenir son contrôle sur les convois humanitaires, s’opposait au fait que l’ONU soit chargée – à titre exclusif – de ce mécanisme et ce n’est qu’après de longues discussions que Washington a, finalement, accepté la présence d’un « coordonnateur » de l’ONU ayant pour mission d’ «accélérer » le processus d’acheminement en « concertation » avec les parties.

La manœuvre américaine est bien claire. Il s’agit de permettre à Israël de poursuivre le pilonnage de Gaza sans enfreindre, une nouvelle fois, une résolution du Conseil de Sécurité car, ces deux derniers mois, deux des cinq résolutions afférentes à la guerre de Gaza avaient été rejetées par les Etats-Unis et que les opinions publiques du monde entier sont scandalisées et horrifiées par ce qui se passe dans l’enclave palestinienne.

Est-ce à dire que les habitants de Gaza sont sur le point d’être « gâtés », avec l’aval du Conseil de Sécurité, puisqu’ils vont recevoir, au même moment, des vivres, du carburant, des médicaments mais aussi des bombes ?

Tout indique que, sauf miracle, si tant est qu’il en existe encore, le massacre des palestiniens est là pour durer mais attendons pour voir…

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