Guinée-Bissau: Un pays, deux Premiers ministres…

Pour mettre fin à la crise qui avait paralysé, pendant des mois, la Guinée-Bissau – ce petit pays tropical de moins de 2 millions d’habitants situé sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest – l’ONU et l’Union Africaine avaient réaffirmé leur attachement au processus de paix arrêté en Juin dernier par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et aux termes duquel le président Jose Mario Vaz dont le mandat était arrivé à expiration et le gouvernement dirigé par Aristides Gomes, s’étaient vu confier la préparation de l’élection présidentielle du 24 Novembre prochain.

Mais, au grand dam de la communauté internationale, le chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, a cru bon de démettre Aristides Gomes de ses fonctions de Premier ministre par un décret en date de ce mercredi 28 octobre 2019, alors même qu’il avait été chargé par la CEDEAO de préparer ladite élection et de le remplacer par Faustino Imbali en invoquant le fait que la «grave crise politique» dans laquelle le pays serait plongé aurait «empêché le fonctionnement normal de certaines institutions».

Aristides Gomes ayant refusé de se plier à un ordre qu’il juge comme étant sans aucun fondement, le pays se retrouve donc avec deux Premiers ministres.

Aussi, dans un communiqué la CEDEAO a réitéré tout son soutien à l’équipe du premier ministre limogé et invité ce dernier à poursuivre les préparatifs des élections présidentielles du 24 novembre prochain car, à trois semaines du scrutin, rien ne justifie l’arrêt du processus électoral en cours et ne pourrait, dans le meilleur des cas, que plonger le pays dans le chaos. Enfin, la CEDEAO a menacé de sanctions «tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, entraveront la poursuite harmonieuse du processus électoral».

Jugeant la situation très inquiétante, Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU a appelé toutes les parties à se plier aux décisions arrêtées par la CEDEAO au titre de la gouvernance du pays dans l’attente de la tenue des élections présidentielles. De son côté, l’Union Africaine a apporté son «soutien total» à la position prise par l’instance régionale lorsqu’elle a jugé «illégal» le décret mettant fin au gouvernement d’Aristides Gomes et menacé d’appliquer des sanctions à l’encontre de toute partie qui entraverait le processus menant au scrutin du 24 novembre prochain.

La campagne électorale devant débuter ce samedi, le Président Jose Mario Vaz, lui-même candidat à sa propre succession, a confirmé, mardi,  que les élections présidentielles auront bien lieu à la date convenue dans cette ancienne colonie portugaise qui, après avoir arraché son indépendance en 1974 a vécu au rythme des coups d’Etat jusqu’à l’élection en 2014 de l’actuel chef de l’Etat.

La légalité retrouvée par la Guinée-Bissau au moment de l’élection de Jose Mario Vaz il y a cinq ans va-t-elle perdurer ou, au contraire, s’effriter et contraindre le pays à renouer avec l’instabilité ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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