Israël rejette la résolution sur la trêve humanitaire votée par l’ONU

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

En déplorant qu’à la suite des vétos opposés par Washington, Moscou et Pékin, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies ne soit pas parvenu à prendre position sur la guerre qui fait rage, depuis trois semaines, entre Israël et le Hamas, le groupe des pays arabes a cru nécessaire de demander à l’Assemblée générale de se saisir de ce dossier, dans le cadre d’une session d’urgence, car même si les résolutions votées à ce titre ne sont pas contraignantes, elles permettent, au moins, de prendre le pouls de la Communauté internationale quand le Conseil de Sécurité se trouve paralysé par le simple fait que l’un ou l’autre de ses membres permanents a fait jouer son droit de véto.

Si à la différence du Conseil de Sécurité, à l’Assemblée générale, les 193 Etats-membres disposent chacun d’une voix qui n’est assortie d’aucun droit de véto, les décisions de l’Assemblée générale sont prises à la majorité des 2/3 des membres présents et votants et comprennent notamment des recommandations concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationales ou d’autres sujets définis à l’article 83 du Règlement intérieur de l’Assemblée générale.

C’est à ce titre que, ce vendredi, au deuxième jour d’une session d’urgence sur la crise israélo-palestinienne, qui se poursuivra jusqu’au mardi 31 Octobre, et qui se déroule dans le cadre du mandat « Unis pour la paix » habilitant l’Assemblée générale à agir lorsque le Conseil de Sécurité se trouve dans l’impasse sur une question cruciale de paix et de sécurité internationales, l’Assemblée générale des Nations-Unies a adopté par 120 voix pour, 14 contre et 45 abstentions, une résolution portant sur « la protection des civils et le respect des obligations juridiques et humanitaires » dans la crise en cours à Gaza.

Présentée par la Jordanie, au nom du Groupe des Etats arabes, pour « prendre position en faveur de la paix » après l’impossibilité pour le Conseil de Sécurité de parvenir à un consensus, cette résolution, qui a fait suite à la déclaration par laquelle le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait alerté sur le fait que  « le système humanitaire à Gaza fait face à un effondrement total avec des conséquences inimaginables pour plus de 2 millions de civils », appelle à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue », réclame la fourniture sans délai d’eau, de nourriture, de carburant et d’électricité et exige la « libération immédiate et inconditionnelle » de tous les civils détenus en captivité avec la préservation de leur sécurité et de leur bien-être conformément au droit international.

Mais, si l’on ajoute à cela le fait qu’avant le vote de ladite résolution, l’amendement proposé par le Canada et condamnant « sans équivoque les attaques terroristes du Hamas » avait été rejeté car, avec 88 voix pour, 55 contre et 23 abstentions, il n’était pas parvenu à recueillir la majorité des 2/3 requise, c’est donc que tous les « ingrédients » étaient là pour faire sortir de ses gonds, Gilad Erdan, l’ambassadeur de l’Etat d’Israël auprès de l’ONU.

Aussi, après avoir qualifié d’« infamie » l’adoption de la résolution précitée dont la place est « dans les poubelles de l’Histoire » dès lors qu’elle ne fait même pas mention du Hamas, le diplomate israélien a considéré qu’il s’agit-là d’un « jour sombre pour l’ONU et pour l’humanité » et promis que son pays va continuer à utiliser «tous les moyens » à sa disposition pour « débarrasser le monde du mal que représente le Hamas».

C’est à ce titre, d’ailleurs, que l’armée israélienne a fait part, le jour-même, de son intention d’« étendre » ses opérations terrestres dans la bande de Gaza et qu’en déplorant que « deux mots-clés manquent dans cette résolution » – à savoir, «Hamas» et «Otages» – Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, a immédiatement, emboîté le pas au diplomate israélien en déclarant qu’«il est scandaleux que les auteurs de l’attaque terroriste du 7 Octobre ne soient pas nommés».

Autant dire que tant que la Communauté internationale ne parviendra pas à s’accorder sur la définition exacte d’une action « terroriste », les résistants des uns seront toujours les terroristes des autres et, à ce jeu-là, la plus grande perdante sera toujours la Paix.

En considérant, enfin, qu’un tel amalgame ne peut déboucher que sur la guerre sous ses visages les plus odieux, attendons pour voir…

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