C’est parti…la Bibliothèque de la plus vieille université du monde, Qaraouyine à Fès, est désormais ouverte au public. Après avoir fait l’objet de travaux de rénovation qui ont duré près de quatre années, la bibliothèque de la plus vieille université au monde, édifiée à Fès en l’an 859 sous le règne du sultan Abou Inane Al Marini suite au rêve, dit-on, d’une certaine Fatima Al Fihrya venue de Tunisie, a rouvert ses portes au public après avoir été contrainte de les fermer en 2012 à cause du piteux état dans lequel elle s’était trouvée.
De renommée mondiale, cette bibliothèque millénaire qui a accueilli ces éminents savants du monde entier qui avaient pour noms Ibn Al Arabi (1165-1240), Ibn Khaldoune (1332-1406) ou encore Maimonide (1138-1204) et tant d’autres encore a fait l’objet de grands travaux de restauration. Il a fallu, en effet, entreprendre la réfection de ses murs qui menaçaient ruine tout en conservant les précieux documents qu’ils renfermaient mais également repenser l’espace de manière à le rendre plus fonctionnel tout en lui restituant son cachet d’origine.
De style arabo-andalou, ce célèbre monument est né du rêve d’une certaine Fatima El Fihrya, fille d’un riche commerçant tunisien ayant émigré à Fès qui, à la mort de ses parents a décidé de consacrer tout son héritage à la construction d’une grande mosquée dotée d’une imposante bibliothèque.
On dit même que, pour s’attirer les grâces du Très-Haut, l’intéressée avait jeûné durant toute la durée des travaux de construction de l’ouvrage si bien qu’à la fin des travaux de l’édifice, de précieux manuscrits de théologie, d’astronomie, de droit, de grammaire et de toutes les autres disciplines du savoir y affluèrent de toutes parts. Ainsi, haut lieu du savoir, cette bibliothèque renferme aujourd’hui plus de 24.000 ouvrages – toutes disciplines confondues- et près de 4.000 manuscrits uniques au monde puisqu’âgés de plus de 12 siècles parmi lesquels se trouvent un exemplaire du Coran rédigé à l’encre d’or et une copie du « Kitab Al Ibar » (Livre des exemples), un traité de 304 pages rédigé par Ibn Khaldoun et offert par celui-ci à la Qaraouyinne. Il est à signaler que ce manuscrit d’Ibn Khaldoun a été inscrit par l’UNESCO en 2015 sur le Registre mondial du patrimoine documentaire de l’humanité.
A noter également, la présence d’un exemplaire inédit du livre de médecine écrit par Ibn Tofayl et décrivant avec forces détails les pathologies, leurs symptômes et leurs traitement ou encore le manuscrit du célèbre « Al Bayane wa Tahsile » d’Ibn Rochd et même un Evangile daté du 12e siècle et rédigé en langue arabe.
Grâce donc à des travaux de grande envergure effectués durant près de quatre années, l’édifice comprend désormais une magnifique salle de lecture, une salle de conférence, un laboratoire de restauration des manuscrits, une collection de documents d’une richesse exceptionnelle datant du 7e siècle, des bureaux administratifs ainsi qu’un café.
Sa coupole millénaire et d’une beauté inégalée abritera les conférences et les expositions qui s’y tiendront soit à titre permanent soit en certaines occasions et accueillera, sans nul doute, les visiteurs qui afflueront des quatre coins de la planète.
Nabil El Bousaadi