En ce mois sacré, comme toutes les années que dieu fait, l’Exécutif descend de sa tour d’Ivoire pour dire «sa» préoccupation pour le panier de la ménagère, face aux méchants intermédiaires, spéculateurs et autres fraudeurs.
La descente aux enfers de la vie chère aurait pu être la bienvenue, si l’exercice avait lieu tout le long de l’année.
Cette année, comme les autres, ceux qui nous gouvernent appellent les consommateurs à dénoncer les fraudeurs et affameurs du peuple démuni. Une manière de dire: «mobilisons-nous et partez !».
Car, après une léthargie qui dure 11 moins, l’opération reste douteuse et l’appel à la vindicte populaire ne résoudra pas les graves dérapages. Le réveil en sera dur et la «gueule de bois» durera quelques temps, l’espace d’un mois, pour revenir au sommeil paralysant, anesthésiant.
Ainsi, fidèle à la philosophie managériale officielle, sous l’impulsion de nombreux savants et architectes gouvernementaux, l’on entend recruter, provisoirement et cette fois-ci bénévolement et gratuitement, plusieurs millions de Marocaines et de Marocains pour le dernier combat contre la puissante mafia de la cherté de la vie. Est pauvre, l’Etat qui n’est pas en mesure d’appliquer, par la loi, ses propres lois!
Cependant, le programme a le mérite d’être clair et net. Il s’agit d’un CDD (contrat à durée déterminée) qui durera ce que durent les roses. L’espace d’un RAMADAN. Et retour à la case de départ, en attendant des lendemains qui enchantent.
Un gros risque est, cependant, pris par nos fameux et honorables gouvernants.
Les millions de contractuels, engagés dans la lutte contre l’infernale cherté de la vie, vont, certainement, réclamer une titularisation dans la belle fonction publique où il fait bon de ne pas être dérangé par la hiérarchie et de se la couler douce.
Mais là, une fois n’est pas coutume, il y a des certitudes. Le gouvernement tiendra sa parole et révoquera les nouvelles recrues, par millions, au premier chaoual. Et pourtant, cette immense foule ne réclame rien…
Hélas, la marée humaine ne battra pas le pavé, devant l’honorable parlement, la résignation étant au plus fort.
Cela ne poussera pas le gouvernement à combattre les fonctionnaires fantômes qui logent dans les nombreux services ministériels et dont la charge est de veiller sur le respect des lois que nos propres gouvernants ont confectionnées. Par contre, il faudra diminuer de ceux qui bossent en toute âme et conscience.
Je parie un dirham pour dire que seul le provisoire dure, le sérieux (maaqoul), lui, est à chaque fois repoussé aux calendes grecques.
Au grand dam de tout un pays.
Mohamed Khalil