Otan : Erdogan lève son véto à l’adhésion de la Finlande et de la Suède

Attendons pour voir…

Alors qu’elle semblait être une simple formalité, l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN) s’est heurtée au refus ferme et sans équivoque du président turc Recep Tayyip Erdogan qui, peu enclin à mettre fin à la crise qu’il a déclenchée, a continué, pourtant, à jouer les perturbateurs, jusqu’à la veille de la tenue du sommet de l’alliance, ce mardi, à Madrid.

« Nous allons faire davantage pour nous assurer que nous pouvons défendre chaque centimètre du territoire des alliés, à tout moment et contre toute menace » avait déclaré, la semaine dernière, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN dont les dirigeants se sont retrouvés, ce mardi, à Madrid, à l’effet de montrer à la Russie et à la Chine leur profonde détermination en ce moment où l’offensive menée par Moscou en Ukraine est entrée dans son cinquième mois.

Ainsi, bien que les représentants américains et britanniques aient affiché leur opposition à la demande des pays baltes d’avoir des troupes de l’Alliance atlantique déployées de manière permanente dans la région, un compromis pourrait être trouvé lors de ce sommet quant à l’envoi de renforts rapides.

Pour rappel, lors d’un entretien téléphonique qu’il avait eu, samedi dernier, avec la Première ministre suédoise Magdalena Andersson, le président turc avait réaffirmé son opposition à l’entrée de la Suède à l’OTAN au motif que cette dernière n’aurait fait montre « d’aucune initiative tangible (…) susceptible d’atténuer ses inquiétudes ».

C’est dire qu’au moment où sa popularité et celle de son parti AKP sont au plus bas et où l’économie de la Turquie est en mauvaise posture, Recep Tayyip Erdogan s’est emparé de la question de l’élargissement de l’Alliance pour faire monter les enchères et redorer son blason.

C’est à ce titre que, lors des pourparlers qu’il avait eu le 20 Juin avec Ibrahim Kalin, le conseiller diplomatique du président turc et des représentants de la Suède et de la Finlande, le secrétaire général de l’OTAN avait clairement affirmé que la Turquie, en sa qualité de « pilier oriental » de l’Alliance, ne lâchera aucune de ses exigences qui restent « légitimes » et invité la Suède et la Finlande à cesser leur soutien aux « terroristes » du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, autonomiste) et aux combattants kurdes des Unités de protection du peuple de Syrie (YPG), à extrader vers Ankara les opposants politiques que cette dernière ne cesse de réclamer, à lever les embargos sur les ventes d’armes à la Turquie adoptés en 2019 et, enfin, à renforcer leurs législations anti-terroristes.

Mais même si le fait même de participer, mardi, à la demande du secrétaire général de l’OTAN, aux pourparlers avec les dirigeants suédois et finlandais, n’était pas, en soi, un « recul » de la part du président turc qui campe sur ses positions car bien  qu’étant champion en matière d’emprisonnement de tous ceux qu’il considère comme étant des « terroristes » dès lors qu’ils s’opposent à lui – qu’ils soient journalistes, universitaires ou simples militants kurdes – Recep Tayyip Erdogan entend, néanmoins, superviser la lutte anti-terroriste en Europe, le Secrétaire général de l’Alliance Atlantique a été « ravi » d’annoncer, mardi, qu’Ankara a fini par lever son véto et qu’un accord ouvrant « la voie à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN (et répondant aux) inquiétudes de la Turquie sur les exportations d’armes et sur la lutte contre le terrorisme » a été obtenu.

Confirmé, en premier lieu, par la présidence finlandaise, cet accord a été obtenu après plusieurs heures de négociations, tenues sous la médiation du Secrétaire général de l’OTAN, par le président turc Recep Tayyip Erdogan, son homologue finlandais, Sauli Niinistö et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson.

Enfin, bien que le revirement de la Turquie qui faisait obstacle à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN et la levée, par cette dernière, de son véto initial soient, sans conteste, une victoire pour le président Recep Tayyip Erdogan dès lors qu’il a fini par obtenir les gages qu’il demandait, attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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