Alors que la population s’ennuie de l’action gouvernementale, les dernières pluies ont apportées une sérénité à l’approche du Ramadan. Elle se languit dans son attente à vivre concrètement les mesures pour la préserver du renchérissement des prix que l’on ne cesse de constater.
Si 2021 a suscitée, par la pandémie, le malheur des uns ; elle a aussi fait le bonheur des autres. Ainsi2021 « a été une bonne année pour les banques en général » ;elles ont engrangé des bénéfices record ; au moment où l’endettement de l’Etat suivait la même tendance.
Si au moins cet endettement était productif d’un développement humain, il serait supportable. Qu’il sert à combler des « nids de poules » budgétaires sans répondre à améliorer le quotidien de la population, il devient un fardeau récusable.
Comme le disent les marocain(e)s, « à vouloir comprendre, on devient fou ». C’est ce qui permet auFonds Monétaire Internationalqui,en soulignant la crainte d’un « creusement du déficit budgétaire et la montée de l’endettement public », voudrait mettre en bière le « nouveau modèle de développement »alors que sa mise en œuvre est encore plus référentielle qu’opérationnelle.
Il faut dire que leFMI, en fin connaisseur de nos élites et en étant toujours et uniquement la « voix de ses maîtres », prêche le vrai pour accomplir le faux. Le vrai qui réside, entre autres, dans la nécessité d’une réforme fiscale profonde et celle de la rationalisation des dépenses de l’Etat, dans l’exigence de combler les écarts du Maroc concernant la qualité du capital humain, d’améliorer la gouvernance, de combattre la corruption et d’encourager la participation de la femme au travail. Le faux qui, en fin de compte, empêcherait l’entreprisedes réformes structurelles nécessaires à l’essor du royaume et à la mise à niveau des ses politiques publiques pour atteindre un développement humain conséquent.
Il est remarquable que depuis que le Maroc a subi le programme d’ajustement structurel préconisé par le FMI dans les années soixante dix du vingtième siècle, cela fait un demi-siècle, l’économie nationale ne s’est jamais complétement relevée de son accommodation suggérée par ce conseiller intéressé.
On pourrait avancer que le FMI mise sur la stérilité de l’actiongouvernementale pour étouffer dans sa gestation et bloquer le « nouveau modèle de développement ».Et qui vivra verra…
Dans le moment, marqué par un contexte inflationniste certain,l’action gouvernementale ne répond ni aux besoins de la population ni à ses aspirations. Pire, les valeurs fondamentales de la société paraissent menacées par des intérêts jugés incompatibles avec la gouvernance et où le cumul des profits par milliards se fait aux dépens du pouvoir d’achat des couches laborieuses de la société.
L’information dont dispose la plus grande partie de la population reste basique ; une information distillée à devenir insipide.Faute d’une communication adéquate de la part du gouvernement et de débats ouverts, elle donne de la réalité une vision désorientée et contribue à l’usure de la confiance générale à tel point que les sentiments qui animent la population mettent en doute le savoir-faire, les connaissances et l’expérience des compétences gouvernementales.
A l’origine externe de la hausse des prix s’ajoute l’opacité des circuits du commerce intérieur où l’intervention d’un nombre élevé d’intermédiaires contribue à la cherté du coût de la vie. Le développement des grandes surfaces urbaines, alors que les souks hebdomadaires de la ruralité sont dans une situation moyenâgeuse, fait consommer plus sans pour autant garantir des prix justes. Le marketing fait son œuvre pour vendre plus.
Les dernières pluies, l’imminence du Ramadan et la qualification de l’équipe nationale de football au mondial 2022 conduisent à une accalmie fortuite. Elle ne peut durer si le gouvernement reste dans sa formulation de vœux sans agir concrètement, et à tous les niveaux, pour préserver le pouvoir d’achat de la population.