Washington et Manille entament de grandes manœuvres militaires

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Après que la Chine ait simulé, pendant trois jours, le «bouclage» de l’île de Taïwan en réaction à la rencontre qui avait eu lieu, la semaine précédente, en Californie, entre la présidente Taïwanaise, Tsai Ing-wen, et Kevin McCarthy, le président de la Chambre américaine des représentants, à l’issue de la tournée qu’elle avait effectuée en Amérique centrale, ce sont les Etats-Unis qui, à titre de «représailles» et bien que les opérations chinoises aient pris fin lundi, ont débuté, ce mardi 11 Avril, des manœuvres conjointes de grande envergure avec les Philippines, en mer de Chine méridionale.

Ces exercices militaires baptisés «Balikatan» (ce qui signifie « côte à côte » en philippin) qui comprendront des tirs à munitions réelles, auxquels participent quelques 18.000 soldats – soit le double de l’année dernière ; à savoir, 12.200 soldats américains, 5.400 Philippins et un peu plus d’une centaine d’australiens – rentrent dans le cadre de ce que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait indiqué, lors d’une conférence de presse, comme étant le « soutien sans faille des Etats-Unis pour les Philippines contre toute intimidation ou coercition, y compris en mer de Chine méridionale».

Ils font suite aux patrouilles maritimes conjointes qu’effectuent depuis quelques mois les Philippines et les Etats-Unis en mer de Chine méridionale après qu’ils aient signé un accord en vertu duquel les troupes US ont été autorisées à utiliser quatre bases militaires philippines supplémentaire dont une base navale sise à proximité de Taïwan.

Au programme de ces manœuvres, effectuées  à l’aide d’un matériel de première qualité comprenant des missiles Patriot ainsi que le fameux système de roquettes Himars, figure un « large éventail d’opérations militaires » parmi lesquelles un débarquement amphibie sur l’île de Padawan, située près des îles Spratleys, revendiquées à la fois par la Chine et par les Philippines ainsi qu’un atterrissage en hélicoptère sur l’île de Luçon, la plus grande du pays, se trouvant à quelques 300 kilomètres de Taïwan.

Ces exercices militaires conjoints américano-philippins ont lieu depuis qu’en 2014, Manille avait signé, avec l’administration Obama, un accord d’élargissement de la coopération de défense.

Mais si, sous la présidence de Rodrigo Duterte, les relations entre les deux pays laissaient à désirer au point même que ce dernier en était arrivé jusqu’à évoquer, à maintes reprises, la « séparation », il y a lieu de préciser que l’actuel président philippin, Ferdinand Marcos Jr, que les intimidations chinoises envers Taïwan inquiètent fortement, reste, tout de même, conscient du fait que la proximité des Philippines avec l’île-rebelle pourrait faire de son pays un partenaire-clé des Etats-Unis si la Chine décidait de l’envahir et ce, d’autant plus qu’après la conclusion de l’accord américano-philippin sur les bases, la Chine avait accusé les Etats-Unis de « mettre en danger la paix et la stabilité régionales».

En ajoutant à cela le fait que la semaine dernière, Huang Xilian, l’ambassadeur de Chine aux Philippines avait vivement protesté en déclarant que « les pays de cette partie du monde doivent préserver leur indépendance stratégique et résister fermement à la mentalité de guerre froide et de confrontation entre blocs », c’est donc que la guerre froide que l’on croyait morte et enterrée pourrait fort bien renaître de ses cendres mais attendons pour voir…

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