Conférence du PPS sur les médias et la construction démocratique
Le Parti du Progrès et du Socialisme a organisé, jeudi 28 avril au siège national du parti à Rabat, dans le cadre des « rencontres ramadanesques du jeudi », une conférence sous le thème : « les médias et la construction démocratique » avec la participation de Noureddine Miftah, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), Mustapha Mellouk, producteur et expert en communication, Abdellah Bekkali, président du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et Karim Tej, membre du bureau politique du PPS.
A l’ouverture de la rencontre, le modérateur du débat Houcine Chaâbi, coordinateur du secteur de la culture du parti, a indiqué que les participants vont tenter de répondre aux questions que soulève la thématique sur les plans professionnel et politique outre l’aspect économique et éducatif du secteur de la presse au sein de la société. Ces questionnements concernent de même le degré de leur interdépendance l’une de l’autre, aux nouveautés et entraves qui marquent leur évolution et aux difficultés diverses que connait aussi bien le processus démocratique que le développement des médias et leur vulnérabilité au niveau national.
Et Chaâbi de s’interroger pour savoir si les médias, toutes composantes et tous genres confondus, contribuent ou non à l’édification démocratique. A-t-on besoin ou non dans le cadre de la construction démocratique des médias ou non ? Et est ce que la presse n’a-t-elle pas besoin de démocratie pour sortir de son état de précarité critique et vice-versa, étant donné leur interdépendance l’une de l’autre, s’est-il encore interrogé.
Dans son mot d’ouverture, le Secrétaire Général du Parti du Progrès et du Socialisme, Mohammed Nabil Benabdallah, a indiqué que le PPS accorde un intérêt particulier à la question de l’interdépendance entre la presse et l’édification démocratique.
Au lendemain de l’indépendance du pays, tous les grands militants du mouvement national avaient joué un rôle important dans le développement de la presse nationale et de la démocratie. Ils assumaient pleinement leur rôle sur les plans politique et médiatique, mus par leurs idées, les principes, les thèses et les revendications qu’ils défendaient à travers leur implication dans la lutte démocratique dans le pays.
La presse et la démocratie allaient de paire, pendant certaines périodes, et dans le même sens. L’action des journalistes et des militants politiques avait pour but l’élargissement de l’espace de la démocratie et la reconnaissance d’un certain nombre de libertés et de droits avant que le processus ne soit bloqué lors de la période sombre que le pays avait connue à un certain moment donné.
Nombreux sont les militants politiques et les journalistes ou ceux qui assumaient les deux fonctions à la fois qui ont payé le prix fort de cette dérive. Au cours de cette étape, les acteurs dans les domaines de la presse et de la politique travaillaient la main dans la main pour la réalisation des mêmes objectifs concernant l’élargissement de l’espace démocratique pour que l’acteur politique et médiatique puisse jouir de conditions appropriées pour accomplir sa mission.
Au début du millénaire et à la suite du colloque de 1993 et des mesures de soutien prises au profit de la presse avant et après l’avènement du gouvernement de l’alternance démocratique ou sous le mandat du gouvernement du premier ministre Driss Jettou, des acquis importants ont été réalisés.
Et le SG du PPS de noter que ces acquis ont été réalisés à un moment où les deux acteurs opéraient de façon conjointe pour un élargissement de l’espace démocratique, des droits de l’homme et des libertés et la promotion de l’égalité homme-femme. Dans le même temps, le champ médiatique a été marqué par un soutien accru, la signature d’une convention collective ou le renforcement du secteur audiovisuel à travers la naissance de nouvelles chaines.
Par la suite la situation a été marquée par une ouverture plus grande de la part de l’Etat pour l’édification d’une société démocratique qui requiert l’existence d’un espace politique fort et des forces politiques fortes libres et autonomes à même de s’exprimer sans être exposées à des représailles et à des ingérences dans leurs affaires internes. Pour y parvenir, il était nécessaire aussi de promouvoir une presse indépendante, forte et professionnelle.
Evidemment, tous les chantiers n’ont pas été menés jusqu’à leur terme aussi bien sur le plan politique qu’au niveau médiatique, a-t-il dit. Au lieu d’approfondir cette action, l’on est malheureusement entré dans une période d’incertitude et de flou, qui s’est traduite par du surplace au niveau politique et médiatique, a-t-il dit.
Des valeurs totalement absentes dans le lexique du gouvernement actuel
Pire encore, les deux secteurs font face depuis à des tentatives de leur soumission pour qu’elles soient plus dociles et moins dynamiques qu’avant en particulier en matière d’expression, a-t-il expliqué, notant que de telles tendances vont empêcher évidemment la réalisation de nouveaux progrès au niveau des deux secteurs de la démocratie et de la presse comme prévu dans la nouvelle Constitution.
De nouvelles pratiques étranges ont vu le jour et approfondi cette tendance, a-t-il ajouté, pointant du doigt l’utilisation à outrance de l’argent, comme ce fut le cas lors des dernières élections. Cette stagnation explique aussi les raisons pour lesquelles l’élargissement des libertés publiques et individuelles, la promotion des droits de l’homme et le renforcement des libertés d’opinion et d’expression et le développement du champ des médias sont totalement absents dans le lexique du gouvernement actuel, a-t-il soutenu, expliquant que le danger réside dans le fait que l’on tente désormais de soumettre tous les secteurs pour les rendre plus dociles.
Et Benabdallah d’attirer l’attention sur le fait que l’on est tous sur une seule branche et que si elle casse, il n’y aura ni démocratie, ni activité médiatique.
C’est peut être la raison pour laquelle l’on assiste plus à des expressions audacieuses sur les plans politique et médiatique et qu’un certain nombre de sujets sont devenus désormais tabous, ni les politiques, ni les journalistes n’osent plus les aborder.
Al Bayane reviendra dans sa prochaine édition sur les interventions des différents participants.
M’Barek Tafsi