Cuba «ne souhaite pas» une rupture des relations avec Washington

Interrogé par l’AFP sur l’état des relations entre La Havane et Washington cinq années après la visite historique de Barack Obama à Cuba, Fernandez de Cassio, le Directeur général du Département des Etats-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères, n’a pas caché sa crainte et celle du gouvernement de La Havane d’assister à leur rupture.

Pour étayer ses propos, le diplomate cubain rappelle que, dès son investiture, Donald Trump s’est empressé de mettre à exécution l’ensemble des promesses faites pendant sa campagne électorale et qui avaient trait à la sortie de Washington de tous les accords signés par ses prédécesseurs; que ceux-ci aient trait au réchauffement climatique, à l’encadrement du programme nucléaire iranien, aux droits de l’homme ou même à la reprise des relations diplomatiques avec Cuba.

Ainsi, si le 17 décembre 2014, le président Barack Obama avait initié un réchauffement historique avec le régime de La Havane en renouant les relations diplomatiques rompues entre les deux pays depuis 1961 et ce, en se prononçant pour la levée de l’embargo imposé à l’île, en encourageant les voyages et le commerce entre les deux pays et, enfin, en mettant en place une ligne téléphonique directe entre Cuba et les Etats-Unis, le nouveau locataire de la Maison Blanche a, dès son entrée en fonction, brandi le spectre du renforcement du blocus imposé à Cuba si bien que l’on assiste, depuis ces trois dernières années, à «une érosion progressive» de la relation entre les deux pays et à une très nette volonté de la Maison Blanche de réimposer ses sanctions contre Cuba en privant «une nation de 11 millions d’habitants d’un approvisionnement en carburant ; ce qui est une mesure assez drastique».

Et le diplomate cubain de préciser, par ailleurs, qu’après que Barack Obama ne soit pas parvenu à lever l’embargo économique imposé à Cuba depuis 1962, il reste «très difficile de penser sérieusement à un progrès durable dans la relation bilatérale».

Aussi, en considérant que la volonté des Etats-Unis est bel et bien « de rompre tous les liens existant (entre les deux pays) et de fermer les ambassades » rouvertes en 2015 en invoquant des «arguments totalement hypocrites» – notamment en matière des droits de l’homme alors qu’ils soutiennent «les régimes les plus brutaux de la planète» – le dirigeant cubain affirme que le gouvernement de La Havane reste, néanmoins, «préparé à une telle éventualité» même s’il ne la souhaite pas et «reste disposé à construire une relation respectueuse et civilisée avec les Etats-Unis».

Reconnaissant que Cuba soutient le gouvernement de Nicolas Maduro du moment que les deux pays qui prônent la même idéologie socialiste sont alliés de longue date, le représentant du ministère cubain des Affaires étrangères dément, toutefois, que son pays ait «un contingent militaire de 25.000 hommes au Venezuela».

Interrogé sur l’avenir des relations entre Washington et La Havane après les élections présidentielles américaines de 2020, le représentant du ministère cubain des Affaires étrangères a tenu à préciser que «les candidats démocrates à la présidence semblent tous pencher, du moins publiquement, en faveur de la politique initiée par le gouvernement de Barack Obama et ceci peut être un signe d’espoir».

Autant dire que c’est juste pour qu’il ne lui soit point reproché de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un Etat souverain que le représentant du gouvernement de La Havane n’a pas officiellement souhaité la non-reconduction de Donald Trump pour un second mandat. Quoiqu’il en soit, le souhait est bien là, alors attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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