«Les effets des fortes chaleurs sont plus à craindre chezles personnes à risques»

Propos recueillis par Ouardirhi Abdelaziz

42°c – 45°c et même 50°c degrés ont été enregistrés. Il fait très chaud, et le Thermomètre ne cesse de grimper, des températures record sont enregistrées ça et là. Pour se rafraîchir et profiter pleinement de ses vacances, les gens n’hésitent pas à se rendre au bord de la mer et à y passer un bon week-end à bronzer. Mais par ces très fortes chaleurs, les expositions au soleil peuvent représenter un réel danger pour la santé. Pour en savoir davantage sur la chaleur estivale et les maladies de la peau, nous avons rencontré le docteur Ahmed Bourra, spécialiste en dermatologie.

Al Bayane : Est-il vrai que le soleil et la chaleur peuvent être nocifs et entrainer des maladies?

Docteur Ahmed Bourra : Absolument, surtout en ce moment où la météo indique des températures record de plus de 50 degrés au niveau de certaines régions. Ces températures élevées et les fortes chaleurs peuvent entraîner des accidents graves comme la déshydratation ou le coup de chaleur. Les fortes chaleurs peuvent aussi aggraver des maladies préexistantes, être responsables de maladies associées à la chaleur. La prise de certains médicaments peut également aggraver les effets liés à la chaleur.

Les effets des fortes chaleurs sont plus à craindre, en particulier chez des personnes à risques. C’est le cas des personnes âgées, des nourrissons et notamment les enfants de moins de quatre ans, des patients souffrant de maladies chroniques.

Et s’agissant des effets du soleil?

Concernant le soleil, il faut savoir que celui – ci a de multiples effets sur la peau. Certains sont bénéfiques, d’autres nocifs. Quand on est en vacances, en plein air, le soleil induit une sensation de bien-être, les rayons du soleil (UVB) sont nécessaires à la synthèse de la vitamine D dans la peau et quelques minutes d’exposition par jour au soleil suffisent à produire la quantité nécessaire de vitamine D.La vitamine D permet l’absorption du calcium par le tube digestif. Elle évite le rachitisme chez l’enfant, mais il y a aussi de nombreux effets nocifs, surtout quand il y a l’abus d’exposition sans protection aux rayons ultraviolets A et B.

Que pouvez-vous nous dire au sujet des effets du soleil sur la peau?

Tout d’abord, il y a le coup de soleil, qui est une brûlure de la peau induite par les rayons ultraviolets (UV). Une demi-heure sous le soleil de midi en été par cette chaleur actuelle peut suffire à transformer votre peau en une plaque rouge et douloureuse, qui peut aller jusqu’à une brûlure du second degré.

Le second degré est plus douloureux, la peau est de couleur rouge vif dans les deux à 12 heures qui suivent l’exposition qui est prolongée. La peau devient hypersensible et ne supporte pas le contact des vêtements.

Le troisième degré se caractérise par la couleur particulière que prend la peau qui devient rouge violacé. Elle est gonflée et prête à peler ; elle est comme asséchée. La douleur est forte, difficile à supporter et on a très mal.

En cas de coup de soleil étendu, surtout chez l’enfant, il peut s’accompagner d’une sensation de malaise général et nécessiter une hospitalisation. Il n’est pratiquement dû qu’aux UVB. Si l’atteinte est superficielle sans cloques, il guérira sans aucune séquelle; en cas d’atteinte profonde, il peut laisser des cicatrices.

Que conseillez-vous à ceux qui désirent bronzer?

Il faut bronzer intelligemment, étape par étape, jour après jour. Il ne s’agit pas de rôtir au soleil. Les premiers jours, ne vous allongez pas sur la serviette pour bronzer. C’est le coup de soleil assuré. Il faut rester au grand maximum 10 à 15 mn au soleil mais sans faire le « steak ». Il faut se promener le long de la plage par exemple et jour après jour, rallonger la durée d’exposition.

Il faut se protéger des rayons du soleil, c’est essentiel et la meilleure protection reste un t-shirt, un chapeau, des lunettes, un short. Bien sûr, pendant vos dix minutes d’exposition sur la plage, vous pouvez les retirer puisque vous respectez la règle de temps, mais le reste du temps, conservez-les.

Et puis par ces fortes chaleurs, il est indispensable de boire abondamment pour éviter la déshydratation, c’est à dire une perte excessive d’eau par l’organisme. Les personnes âgées et les nourrissons sont particulièrement sensibles au risque de déshydratation, et donc la vigilance est de mise.

Qu’en est – il des maladies de la peau par ces fortes chaleurs?

Concernant les maladies de la peau qui sont plus fréquentes par ces périodes de fortes chaleurs, ces affections sont multiples et variées.Je reçois de nombreux patients en consultation qui présentent entre autres ce que nous appelons les boutons de chaleur ou sudaminas qui sont de petites élévations généralement de coloration rose ou rouge pâle, de la taille d’une tête d’épingle quelquefois plus, et particulièrement fréquentes dans les régions du corps où la transpiration est importante.

Le meilleur moyen de prévenir et de traiter ces irruptions cutanées c’est de prendre des douches fréquentes, d’appliquer des antiseptiques, et surtout d’éviter les crèmes ou pommades. Une autre affection qui est aussi fréquente par ces fortes chaleurs c’est la dyshidrose qui est une dermatose caractérisée par des vésicules des faces latérales des doigts et des orteils, ainsi que sur les paumes et les plantes. Elle est fréquente, particulièrement en été.

La dyshidrose est un problème de peau bénin, mais très gênant et incommodant en raison des démangeaisons intenses qui sont accompagnés par l’éruption des vésicules.

Ces dernières sont claires (comme des cloques d’eau), sur chaque main et pied, elles tendent à confluer, puis soit-elles sèchent, formant souvent des croûtes marrons, soit elles s’éclatent, formant des plaies suintantes.

Il faut aussi noter l’apparition fréquente en été lorsque la chaleur augmente de l’hyperhidrose palmoplantaire ou augmentation de la sudation des mains et des pieds.

Qu’en est – il de l’urticaire qui apparait lors des fortes chaleurs?

L’urticaire est une pathologie cutanée qui entraîne la formation de plaques rouges prurigineuses (qui démangent). Les causes de l’urticaire sont souvent allergiques. Elle peut aussi survenir en été, par de fortes chaleurs.

Certaines formes d’urticaires surviennent en réaction au soleil (dans 75% des cas chez des femmes). On parle dans ce cas d’urticaire solaire. Elle se traduit par une éruption cutanée qui se présente sous forme de plaques surélevées (papules) et rouges accompagnées de démangeaisons importantes. Il s’agit d’une forme d’allergie au soleil qui survient dans les 30 minutes qui suivent l’exposition (elle se distingue en cela de la lucite qui intervient plusieurs heures après). La réaction allergique entraîne en effet une dilatation importante des vaisseaux sanguins, ce qui donne cet aspect gonflé et rouge à la peau. La réaction peut disparaître relativement rapidement si la personne se met à l’ombre.

Que pouvez-vous nous dire au sujet de la lucite?

Il faut savoir que certaines personnes peuvent être allergiques au soleil, et que cette allergie au soleil, appelée lucite estivale, touche majoritairement les femmes jeunes lors de leur première exposition au soleil. Elle se traduit par des plaques rouges urticantes, parfois des cloques, au niveau du décolleté, des avant-bras, des épaules et plus rarement du visage.

Quelles sont les précautions à prendre ?

Pour éviter de développer une lucite estivale (éruption cutanée due à une allergie au soleil), il est recommandé de s’exposer progressivement. C’est-à-dire qu’il ne faut pas rester peau nue sous le soleil plus de 20 à 30 minutes la première fois, y compris si le temps est nuageux. De plus, il faut mettre une crème solaire à indice élevé, qui filtre aussi bien les UVA que les UVB. Enfin, il est recommandé d’éviter l’exposition au soleil entre midi et 16 heures, des heures où le soleil est le plus intense.

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