Guerre du Yémen: S’achemine-t-on vers la fin du conflit?

Ce samedi 11 Mai 2019 et en application des dispositions afférentes à la cessation des hostilités arrêtées lors des pourparlers inter-yéménites qui avaient eu lieu, en Suède en décembre dernier sous l’égide de l’ONU, les rebelles houtis auraient commencé leur retrait des trois ports yéménites de Salif, Rass Issa et Hodeida.

C’est, en substance, ce qu’avait déclaré, en début de journée, Farhan Haq, un porte-parole du mouvement rebelle avant qu’un communiqué de la mission onusienne au Yémen ne vienne confirmer que l’opération d’évacuation des ports précités par les rebelles houtis qui serait, en soi, la meilleure chance de faire progresser la paix dans un pays ravagé par la guerre depuis plus de quatre années, se serait déroulé «conformément aux plans établis», aurait été étroitement «surveillée par les équipes des Nations-Unies et, enfin, que les garde-côtes  assumaient (désormais) la responsabilité de la sécurité» dans les zones évacuées.

Mais, en attendant que la paix s’installe dans le pays de manière définitive et durable, la gestion de ces trois ports devra être assurée par les Nations-Unies.

Dans une annonce faite sur son compte Twitter, Mohammed Ali Al-Houti, un des chefs de la rébellion, a déclaré que ce retrait unilatéral des forces houtis qui a commencé samedi à 10 h (7 h GMT) intervient malgré le «refus» de la coalition progouvernementale soutenue par Riyad, les Emirats Arabes Unis, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de mettre en œuvre les décisions prises lors des négociations de paix de décembre dernier.

Et même si, au grand dam de la communauté internationale, le retrait effectif des belligérants de la région de Hodeida avait tardé à être mis en œuvre nonobstant les diverses «annonces» faites par l’ONU et qu’à l’heure qu’il est, aucune source indépendante n’a encore pu évaluer l’ampleur du désengagement des forces houtis, une source onusienne a déclaré, sous couvert d’anonymat, que l’instance internationale «espère être bientôt en mesure de faire un rapport au Conseil de Sécurité sur les mouvements réels sur le terrain».

Considérant que «la confiance entre les deux parties est quasiment inexistante» Adam Baron, analyste au Conseil européen des affaires étrangères, estime, pour sa part, que ce retrait pourrait être «un pas important» dans la résolution de la crise inter-yéménite notamment à l’approche de la réunion du Conseil de Sécurité prévue la semaine prochaine au moment où la coalition commençait à faire part de sa volonté de «relancer la bataille de Hodeida».

Mais il y a lieu de signaler, toutefois, que ce «retrait» a été accueilli avec beaucoup de scepticisme par le gouvernement yéménite en exil à Riyad lequel, si l’on se réfère à la déclaration faite à Reuters par Muammar Al-Iryani, le ministre de l’Information, n’y a vu qu’une simple mise en scène et le remplacement de miliciens par d’autres «vêtus d’habits appartenant aux garde-côtes».

S’achemine-t-on vers la fin d’un conflit qui, en quatre années, a fait vivre au Yémen la pire crise humanitaire de son histoire ou n’assiste-t-on qu’à une énième mascarade dans laquelle aucun des deux protagonistes ne semble être encore prêt à lâcher le morceau ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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