Alors qu’à l’issue des pourparlers russo-ukrainiens du 30 mars dernier à Istanbul, la paix entre Moscou et Kiev avait semblé très proche quand la Russie avait promis de «réduire considérablement» son offensive vers Kiev et que l’Ukraine avait accepté d’adopter la «neutralité» demandée par Moscou à condition, toutefois, que les puissances étrangères; à savoir, les Etats-Unis, la Chine, la France et la Grande-Bretagne – en tant que membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies – ainsi que la Turquie, l’Allemagne, la Pologne et Israël, garantissent sa sécurité par le biais d’un «accord international» alors même que lesdites garanties ne concerneront, dans l’immédiat, ni le Donbass sous contrôle des séparatistes pro-russes ni la Crimée qui avait été annexée par la Russie en 2014 – lesquels feront, ultérieurement, l’objet de pourparlers russo-ukrainiens – tout cela en exigeant, néanmoins, que Moscou s’engage à ne pas s’opposer à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, voilà qu’aujourd’hui, la donne a changé.
Pourquoi ? Pour la simple raison que, dans le document présenté ce mercredi, l’Ukraine aurait fait sciemment disparaître du « texte initial » dûment accepté par les deux parties, le paragraphe concernant la péninsule de Crimée ainsi que les garanties de sécurité exigées par l’Ukraine.
Ce changement de ton aurait, notamment, pour raison d’être la fameuse attaque de Boutcha. Aussi, en accusant son homologue russe d’avoir été « complice des crimes» commis par l’armée russe dès lors qu’il se serait permis de justifier «les bombardements d’un hôpital à Marioupol et les crimes de guerre commis à Boutcha et dans d’autres villes d’Ukraine», le chef de la diplomatie ukrainienne a appelé Moscou à « réduire son degré d’hostilité» dans les négociations.
C’est à ce titre qu’en dénonçant «la poursuite [par la Russie] de l’escalade de la guerre» en Ukraine, les pays du G7 ont fait part, ce jeudi, de leur intention d’appliquer de nouvelles sanctions économiques à Moscou ; à savoir, l’interdiction «de nouveaux investissements dans les industries-clés de l’économie russe y compris l’énergie» ainsi que «des sanctions supplémentaires contre le secteur de la défense russe» et contre des «élites et leurs proches» qui soutiennent la guerre lancée par le président Poutine contre l’Ukraine.
Or si, pour l’heure, aucun embargo sur les importations d’énergie n’est envisagé, les pays du
G7, soucieux de «faire avancer» leurs plans visant à réduire leur dépendance à l’énergie russe notamment par «une sortie progressive du charbon russe» prévoient d’étendre, par la suite, à certains biens, les interdictions d’exportations ainsi qu’une extension des sanctions contre les banques et les compagnies publiques russes.
Non content de s’arrêter là, le groupe des sept grandes puissances a, également, plaidé, ce jeudi, pour une suspension de la Russie du Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies ; ce qui fut adopté, le jour-même, par l’Assemblée générale de l’ONU dès lors que sur les 193 membres de l’Assemblée, 58 se sont abstenus et 24 ont voté contre parmi lesquels figure la Chine qui a dénoncé un «précédent dangereux» qui, en étant basé sur une «démarche hâtive», ne peut qu’ajouter «de l’huile sur le feu».
Et si le même jour, un avion transportant du combustible nucléaire en provenance de Russie est arrivé en Hongrie alors que, la veille, le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’était dit prêt à acheter du gaz russe en roubles, ce fut au tour du Parlement européen de hausser le ton et de réclamer, le jour-même, dans une résolution non contraignante, un embargo «total et immédiat» sur les importations de pétrole, de charbon, de combustible nucléaire et de gaz russe.
Au vu de tout cela, il semble donc qu’à l’exception de la Chine, c’est presque toute la communauté internationale qui, comme un seul homme, s’est rangée derrière Washington pour voler au secours de l’Ukraine assiégée quand bien même, depuis des décennies, cette même communauté ferme, délibérément, les yeux sur les exactions commises contre les populations d’autres pays par les armées occidentales. Serait-ce uniquement pour une histoire de couleur de peau et/ou de différence de culture comme l’affirment certains ? Difficile à croire mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi