«Le déficit en ressources humaines est estimé à 9.000 infirmiers»

Al Bayane : Vous êtes responsable du pôle des soins infirmiers. Que représente pour vous la journée internationale de l’infirmière?

Ahmed Timssih : Le 12 mai n’est pas une date anodine. Cette journée est importante pour l’ensemble des infirmières et infirmiers au Maroc, car elle commémore la naissance de Florance Nightingale, qui est la  pionnière des soins infirmiers modernes. C’est pourquoi chaque année, la Journée Internationale de l’infirmière a lieu à cette date, un jour qui permet de valoriser les soins infirmiers et de souligner l’importance de cette profession dans le parcours du patient.

Pour moi, en tant que responsable du pôle des soins infirmiers à l’hôpital Mohamed Baouafi, cette journée est une occasion pour rendre hommage à toutes et tous mes collègues, les infirmiers et infirmières. Je ne cache pas ma fierté quand je vois le travail de qualité qui est quotidiennement accompli par toutes les équipes professionnelles des différents services, qui sur le terrain font preuve de motivation, de détermination, de patience.

Que pouvez-vous nous dire au sujet des carences en ressources humaines?

C’est une question qui est très souvent posée, mais il faut dire que c’est une réalité et que notre pays souffre comme tant d’autres du sous effectif  d’infirmières et infirmiers.

Le ministère de la santé l’a reconnu à maintes reprises. Cette pénurie impacte négativement le rendement des prestations infirmières. Vous devinez que la charge de travail est énorme dans certains services.

Le déficit est aujourd’hui estimé à 9.000 infirmiers. Je voudrais à cet effet rappeler que le  Maroc fait partie des 57 pays en situation de déficit important en personnel de santé.

Naturellement, cette situation n’a pas laissé le ministère de tutelle indifférent. Bien au contraire, la question des infirmiers est une priorité du ministère. Pour lutter contre le manque de ressources humaines, le ministère essaye, dans le cadre de sa stratégie, de plaider en faveur de cette cause pour que son budget soit revu à la hausse et que les postes budgétaires soient plus nombreux. Par ailleurs, le ministère de la santé développe la capacité de formation. Il motive et d’implique les personnels de la santé et pour mieux traiter cette question des ressources humaines,  on s’achemine vers la régionalisation de  la gestion des ressources humaines. Chaque région sera responsable de la formation et du nombre d’infirmiers et infirmières nécessaires pour assurer la bonne marche des structures sanitaires.

Qu’en est – il de la formation  et de la formation continue?

Il faut savoir que la formation des infirmiers au Maroc a connu un changement radical, grâce à l’instauration du système LMD ((licence, master, doctorat). Ce nouveau système de formation  permet désormais une ouverture du milieu académique aux infirmières et infirmiers, ce qui va contribuer à l’épanouissement des personnels désirant poursuivre leurs études.

Infirmiers, kinés, sages-femmes, infirmiers – anesthésistes … Ces professionnels infirmiers pourront désormais, être titulaires de diplômes de licence, master et doctorat. Le ministère de la Santé  a mis en place toutes les mesures nécessaires pour l’instauration  du système LMD.  Ce nouveau système permettra d’avoir une équivalence académique des diplômes délivrés et aboutira à l’instauration des passerelles avec l’université.

C’est un très grand pas en avant dans le cadre de la formation des infirmiers, ce qui va permettre naturellement d’avoir des professionnels de santé qualifiés, une prise en charge globale des patients et un meilleur état de santé de notre population.

Pour le deuxième volet de votre question, qui est relatif à la formation continue des infirmières et infirmiers au sein de l’hôpital Bouali, je puis vous affirmer que grâce à l’aide précieuse et permanente du directeur de l’hôpital, nous arrivons à organiser chaque mois des séances et cycles de formation continue pour les professionnels de santé. Plusieurs thèmes sont ainsi programmés en fonction des besoins ressentis et exprimés par les infirmiers.

Quel est votre message à l’occasion de cette journée?

Je tiens à rendre encore une fois un très grand hommage à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui sont mobilisés, prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes pour accompagner ces changements afin de permettre à l’ensemble de nos concitoyens de pouvoir bénéficier des meilleurs soins possibles, des soins de qualité dans des structures adaptées…

Tout cela mérite d’être souligné, d’être mis en avant. Ces acquis et ceux qui suivront sont de nature à redonner plus d’espoir, à susciter l’envie de participer à cette noble et merveilleuse mission qui consiste à assurer l’accès aux soins pour tous.

Abdelaziz Ouardirhi

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