Niger : l’opposition boycotte le 2nd tour de la Présidentielle

Ça y est, c’est décidé ! L’opposition nigérienne ne participera pas au second tour de l’élection présidentielle, prévu le 20 mars 2015. L’annonce de son retrait est tombée mardi soir. Le président sortant Mahamadou Issoufou, qui avait obtenu 48,43% lors du premier tour contre 17,73% pour son challenger Hama Amadou, fera donc cavalier seul.

Arrêté puis écroué dès son retour au Niger, en novembre dernier, pour son implication présumée dans un vaste trafic de bébés, le chef de fil de l’opposition, Hama Amadou, a mené campagne depuis sa cellule et n’a pu ni rencontrer ni même communiquer directement avec ses partisans, et ce pendant toute la durée du premier tour. Il est toujours en attente de la décision de la Cour de cassation de Niamey, laquelle devrait se prononcer sur l’éventuelle ouverture prochaine de son procès le 23 mars, soit après la tenue du second tour de l’élection présidentielle, prévu le 20 mars.

Un traitement jugé inique par le collectif des opposants réunis au sein de la Coalition pour l’alternance politique (COPA), laquelle a appelé ses représentants à se retirer de la Commission électorale nationale (CENI). C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Seïni Oumarou, lui-même candidat à l’élection, et arrivé troisième du scrutin, après le principal challenger Hama Amadou.

L’opposition dénonce, entre autres irrégularités, la non-proclamation officielle des résultats du premier tour et un écourtement volontaire de la durée de la campagne du second tour, qui s’est vue réduite à seulement 10 jours au lieu des 21 prévus par la Constitution. Elle dénonce par ailleurs l’iniquité de traitement entre les deux candidats, dès lors que Hama Amadou, affirme-t-elle, est injustement incarcéré «en violation des standards internationaux d’élections libres, équitables et démocratiques», affirme la COPA. L’opposition accuse ainsi le président sortant Mahamadou Issoufou, ainsi que la Cour constitutionnelle, d’être «les seuls responsables de la dégradation de la situation sociopolitique du pays».

OppositionMalgré le retrait annoncé de l’opposition du second tour, le gouvernement persiste et signe : «Il y aura des élections», martèle le ministre de l’Intérieur nigérien, qui a rappelé à l’AFP que le processus suivait son cour et que le retrait de l’opposition ne leur inspirait aucun « embarras» car, soutient le ministre, cela n’est pas une surprise, soulignant que les opposants s’étaient retirés par crainte d’être battus. «Ce ne sont pas des démocrates», estime-t-il.

Reste maintenant à savoir si le second tour de cette présidentielle nigérienne connaîtra la même affluence qu’au premier tour qui, lui, a drainé plus de 7,5 millions d’électeurs.

Le Niger, pays sahélien de 18 millions d’habitants, reste un pays pauvre et connaît, depuis maintenant plusieurs années, des incursions répétées de Boko Haram, dont les attaques-suicides devenues fréquentes suscitent la peur et le déplacement des populations riveraines de la frontière nigériane.

Le président Issoufou s’attendait d’ailleurs à une victoire dès le premier qui, selon lui, serait due, en plus de son bilan réussi, à sa gestion de la question terroriste, laquelle a donné lieu à un retour de la sécurité, dénonçant l’absence de programme chez ses challengers qu’il accuse de copier le sien.

Ces derniers n’ont eu de cesse de critiquer le déroulement de la campagne électorale, émaillée de violences entre les soutiens des deux parties (opposition et pouvoir). La coalition de l’opposition dénonce par ailleurs la mauvaise gestion du président sortant Issoufou, qui selon elle, aurait conduit à une recrudescence de la pauvreté, faisant ainsi du Niger l’un des derniers pays à l’indice de développement humain.

A savoir maintenant l’issue que connaîtra, in fine, ce second tour, dont l’unique candidat demeure maintenant le président sortant Mahamadou Issoufou.

Abdoulaye Jamil Diallo

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