Plus rien ne doit, rester comme avant… 2011 en Tunisie

Au lendemain de la chute du régime de Zine El Abidine ben Ali, en janvier 2011, emporté par la Révolution du Jasmin, tout le monde savait que plus rien ne sera comme avant au pays Vert. En d’autres termes, le peuple tunisien compte désormais exiger tous ses droits, qu’ils soient politiques, économiques ou autres. La nouvelle explosion sociale qui traverse la Tunisie interpelle le nouveau pouvoir issu des urnes pour s’adapter à cette nouvelle donne.

La persistance des inégalités entre les régions de la petite Tunisie, cinq ans après la révolution, a donné lieu à une nouvelle explosion populaire en ce début de 2016. La mort d’un jeune chômeur tunisien, samedi dernier lors d’un rassemblement de protestation à Kasserine, devant le siège de la wilaya locale, a été immédiatement suivie d’un soulèvement populaire spontané.

«Du déjà vu ?». C’est avec ce questionnement unanime que la presse tunisienne de ce jeudi 21 janvier a mis en garde contre cette nouvelle explosion sociale. Elle voit en effet en Ridha Yahyaoui, mort samedi à Kassérine, un autre Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, et a déclenché le… Printemps arabe.

Plusieurs autres villes du pays, dont Tunis et Sousse ont exprimé leur soutien aux manifestants de Kasserine, où un couvre-feu a été décrété suite aux violents affrontements ayant opposé policiers et manifestants. Mercredi soir, un policier a trouvé la mort dans une localité situé à 30 km de Kasserine, alors qu’il dispersait une manifestation qui a tourné à l’affrontement entre populations locales et forces de l’ordre.

En réaction à cette agitation, le gouvernement tunisien vient d’annoncer une série de mesures pour la région de Kasserine, dont l’embauche de 5.000 chômeurs et la construction de 1.000 logements sociaux. Une réaction aux appels de la presse locale qui exige que les promesses soient rapidement traduites en réalité pour apaiser le climat social en Tunisie.

Le journal Al Maghreb soutient ainsi qu’à l’origine des troubles figure «l’effrayante réalité des inégalités régionales». Pour sa part, le Temps se demande «Quid du développement dans les régions ? Des gouvernements se sont succédé sans que la plaie ne soit soignée. Il ne faut pas s’étonner par la suite si le feu embrase une région entière».

Mohamed Ould Boah

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