La communauté internationale attendent toujours le gouvernement

Aide au Liban

Les représentants de la communauté internationale ont renouvelé mercredi leur volonté d’aider le Liban en crise, mais ont aussi constaté le défaut des conditions d’une aide massive et structurelle, dont la création d’un gouvernement.

Lors de la deuxième conférence internationale d’aide d’urgence pour le pays, quatre mois après l’explosion du port de Beyrouth, alors que le pays est à genoux et que ses dirigeants ne parviennent pas à former un gouvernement, les dirigeants ont insisté sur l’importance d’aller au-delà des seules aides d’urgence qu’ils fournissent pour l’instant.

« Ce soutien ne saurait remplacer l’engagement des forces politiques libanaises à former le plus rapidement possible un gouvernement et mettre en oeuvre la feuille de route de réformes sans laquelle l’aide structurelle internationale ne pourrait être déclenchée. Nous ne lâcherons rien ni sur nos promesses ni sur nos exigences, que ce soit sur les réformes ou sur l’enquête sur l’explosion », a déclaré le président français en ouvrant la visioconférence, co-présidée avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Le Liban est englué depuis plus d’un an dans une profonde crise économique, sociale et politique. En plus d’une dépréciation historique de sa monnaie et d’une hyperinflation, le pays est toujours sans gouvernement plus de trois mois après la démission du Premier ministre, Hassan Diab.

« Malheureusement, malgré nos multiples actions au niveau technique sur des sujets variés au cours des quatre derniers mois, et en l’absence d’un gouvernement investi, nous n’avons pas beaucoup avancé dans la préparation d’une stabilisation complète et d’un programme de réformes », a regretté la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva, soulignant l’importance notamment de remettre sur pied le système bancaire.

« La communauté internationale est prête à apporter une aide plus importante, plus pérenne, mais cette aide économique et financière est conditionnée aux réformes (…) indispensables pour le Liban sorte de la crise », a abondé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, citant « la mise en place d’un gouvernement de compétence, soutenu politiquement, pour mettre en place un agenda de réforme ».

« La Banque mondiale est prête à aider les Libanais en soutenant les transferts de devises et d’autres programmes d’aide sociale, selon sont président, David Malpass.

En attendant, Emmanuel Macron s’est félicité de l’action d’urgence, soulignant que les promesses des donateurs du 9 août aient « été tenues et même dépassées : plus de 280 millions d’euros ont été décaissés, ce qui a permis de faire face à une partie importante des besoins immédiats ».

Notamment « 12.500 tonnes de farine ont été distribuées, soit 80% des stocks détruits, 73.000 personnes ont reçu une aide pécuniaire, un vingtaine d’équipes médicales mobiles ont été déployées, 25.000 personnes ont bénéficié d’un abri, 90 écoles ont reçu des fournitures. C’est beaucoup mais ça ne suffit pas », a poursuivi le président français.

La Banque Mondiale, l’ONU et l’UE ont acté la mise en place d’un fonds pour le relèvement précoce du pays, avec la participation de la société civile, sollicitée pour contourner les acteurs institutionnels locaux, décrédibilisés aux yeux de la communauté internationale, notamment en raison de l’importante corruption.
« Ces instruments permettront d’assurer la continuité des financements au-delà de l’aide humanitaire d’urgence », selon un communiqué conjoint de la France et de l’ONU.

A cette visio-conférence participaient également des représentants de la société civile et de la « jeunesse », qui « est la dignité et l’avenir de ce pays frère », a déclaré Emmanuel Macron alors que la France et le Liban ont des liens historiques, culturels, très forts.

32 pays, 12 organisations internationales et 7 organisations de la société civile libanaise ont participé, selon le communiqué.

Dans un rapport accablant, la Banque mondiale a parlé d’une « dépression délibérée » au Liban, dénonçant l’incapacité des dirigeants à s’entendre sur « une action politique efficace ». Le PIB devrait reculer de 19,2% cette année après une contraction de 6,7% en 2019.

Depuis le Liban, le président Michel Aoun a déclaré pour sa part que « former un gouvernement est une priorité », afin de lancer des réformes structurelles et reconstruire Beyrouth. « Votre aide est cruciale pour la population », a-t-il dit aux donateurs.

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